Bordeaux
Suite à l’infâme trahison de Ganelon son beau-père, Roland dut faire face à l’embuscade tendue par les Sarrasins au col de Roncevaux. Refusant de sonner de son olifant pour appeler Charlemagne à la rescousse, le preux Roland, après avoir ouvert la fameuse « brèche de Roland » en lançant son épée légendaire, « Durandal », va périr au combat. Charlemagne faisant demi-tour va détruire l’armée sarrasine et récupérer l’Olifant de Roland. Nous sommes en 788 ….
Le passage de Charlemagne à Bordeaux
Les corps de Roland, Comte des Marches de Bretagne, de son conseiller et ami Olivier, de l’archevêque Turpin, sont enbaumés et recouverts d’un drap de soie, les cadavres sont placés sur trois charrettes. La légende raconte que, le chemin du retour passant par l’Aquitaine, Charlemagne aurait déposé l’olifant rempli de richesses prises aux sarrasins sur l’autel de Saint-Seurin de Bordeaux, puis que c’est à l’église Saint-Romain de Blaye que les trois cercueils blancs auraient été déposés. Plus tard Ganelon sera condamné à mort et écartelé, alors que la belle Aude, sœur d’Olivier et fiancée de Roland, va selon la légende mourir sur le coup dès l’annonce de la triste nouvelle.
L’olifant à Saint-Seurin ?
La tradition affirme que l’olifant de Roland, le preux chevalier mort à Roncevaux et enseveli à Blaye, aurait été déposé par l’empereur Charlemagne sur l’autel de Saint-Seurin, comme l’évoquent les vers 3685 à 3687 de la Chanson de de Roland :
« vint a Burdeles, la cite de renun
Dessus l’alter seint Sevrin le barun
Met l’oliphant plein d’or et de manguns
Li pelerin le veient ki la vunt. »
Poème épique de 4000 vers en ancien français, transmis et diffusés en chants par les troubadours et jongleurs, la Chanson de Roland relate trois siècles après les faits, le combat fatal de Roland contre les Maures et la vengeance de Charlemagne.
Le guide des pèlerins de Saint-Jacques rédigé avant 1139 recommande à Bordeaux : de rendre visite au corps du bienheureux Seurin, évêque et confesseur, et de ne pas oublier d’admirer sur l’autel, le cor d’ivoire fendu par le souffle de Roland mourant.
La même tradition qui raconte beaucoup et prend des libertés, relate aussi que c’est bien dans la nécropole de Saint-Seurin, qui aurait été consacrée par le Christ et sept saints évêques, que certains des preux morts à Roncevaux auraient été enterrés. Ainsi au Moyen-Âge les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle venaient se recueillir à Saint-Seurin et écouter les récits légendaires entourant sa fondation.
La légende rolandienne serait née sur la route de Roncevaux racontée par les clercs de Saint-Romain de Blaye et de Saint-Seurin de Bordeaux aux voyageurs, chevaliers français participant à la reconquête de l’Espagne ou pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce serait en fait la route du pèlerinage de Saint-Jacques qui aurait établi le premier lien entre la tombe de Blaye, l’olifant de Bordeaux et le champ de bataille de Roncevaux.
D’autres hypothèses
Il existe sept olifants dans les musées de France. Cors de guerre ou de chasse d’une grande dimension, faits d’une défense d’éléphant, le caractère précieux de ces objets, dû autant à la rareté de l’ivoire qu’à la qualité de leurs décors, favorisait l’accueil des olifants dans les trésors des églises. Olifants qui pouvaient servir de reliquaires et même devenir parfois des reliques eux-mêmes.
De tous les olifants conservés dans les musées et parfois associés à Roland, certains pensent que c’est celui de Saint-Sernin à Toulouse qui serait selon l’hypothèse la plus probable, l’olifant de Roland, même si certains spécialistes, dont Paul Dupuy, le conservateur du musée, pensent que le vénérable cornet de Toulouse ne daterait que de l’an mille …..
De quoi continuer à penser et faire savoir aux bordelais que la basilique Saint-Seurin de Bordeaux est bien le lieu où Charlemagne aurait déposé l’olifant de Roland ! ….. Allez donc la visiter ….
Source : Contes et Légendes du Vieux Bordeaux Michel Colle

Ecrit par Dominique Mirassou
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