Bordeaux
Jeudi soir, la compagnie l’œil, nous offrait la première de cette pièce écrite par Christophe Botti, jeune dramaturge talentueux qui n’est pas à son coup d’essai. Il est l’auteur d’une quarantaine de pièces et s’est vu décerner de nombreux prix.
L’histoire nous conte effectivement la vie du trio maudit ; la femme, l’amante et le mari. La femme esseulée qui attend, l’amante frustrée qui attend et le mari entre les deux qui s’amuse bien, profitant de la situation sans le moindre scrupule. Une situation heureusement assez rare( ?) dans notre XXIe siècle qui n’échappe pourtant pas à cette malédiction, même si les générations qui s’annoncent semblent pour les femmes comme pour les hommes exiger des relations à la fois plus libres, mais aussi plus sincères. Cela dit, la nature humaine étant ce qu’elle est … Et puis, c’est toujours mieux chez les autres. C’est ce que j’appellerais le syndrome du mari qui se sent devenir une espèce de superman dont l’épouse serait la cryptonite, celle qui l’affaiblit et le fait devenir quelqu’un qu’il ne veut surtout pas être.
Mais c’est bien souvent le contraire et la pièce nous le montre, car c’est bien le mari qui transforme sa femme en substitut de maman idéale, si sacralisée qu’il ne la touche presque plus. La maîtresse alors symbolise Vénus celle qui brûle de cette même flamme que le mari a étouffée chez son épouse (qui l’a parfois un peu laissé faire par ce que nos mères faisaient déjà cela "enfin, pas toutes !") Le cynisme est un bon ressort de comédie dont l’auteur Christophe Botti n’abuse pas, il donne une vision peu ordinaire, préférant exposer le point de vue de chacun des protagonistes dans des monologues intérieurs qui glissent jusqu’aux spectateurs, éclairant d’un jour nouveau les interactions des personnages.
C’est donc bien une succession des saynètes, coup de flash d’un humour noir qui n’interdit pas la tendresse ou le ridicule. C’est Jean-François Richard qui en est le metteur en scène assisté par Didier Paris. Ils ont su gérer cette suite de scènes avec intelligence, les transitions sont bien amenées et assez fluides pour une première. Jean-François Richard est aussi l’acteur qui campe ce mari plaisamment ignoble. L’épouse jouée par Christel Guichard est émouvante sans être pathétique, et la maitresse Catherine Sarg est pleine de feu, tout en restant crédible.
- L’auteur entre les deux rôles féminins
Christophe Botti est venu à la fin du spectacle invité par Jean-Pierre Terracol au bord de la scène nous parler de cette création et de ses projets. Cet artiste volubile et prolifique bataille pour faire jouer ses pièces dans les meilleurs lieux avec les acteurs qui conviennent, il a aussi un roman en gestation ; voir : christophebotti.fr . « Scènes d’humour de la vie extra conjugale » est une pièce qui vaut le détour, vous avez encore quelques jours pour venir la voir dans le confortable théâtre de la Lucarne.
Les 10, 14, 15, 16 et 17 mars à 20 h et le dimanche 11 mars à 15 h
Théâtre la lucarne
1- 3rue de Beyssac Bordeaux
Tram C St Michel
Réservation 05.56.92.25.06 ou BilletReduc

Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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