Bordeaux

Nous avons regardé pour vous "Iris" de Jalil Lespert.

Le réalisateur de Des vents contraires, Yves-Saint Laurent et de la série Versailles revient sur grand écran avec son nouveau film, Iris. Il conte l’enlèvement d’Iris, la femme d’Antoine Doriot qui disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à ce coup monté. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité troublante sur toute cette affaire.



Tout d’abord, Iris est incontestablement beau.
Paris est filmée de manière sombre et mystérieuse, presque sordide à certains moments, ce qui n’est pas sans rappeler une certaine Los Angeles futuriste dans un certain Blade Runner. L’ambiance est nocturne, noire et sensuelle, alimentée simplement des néons colorés de quelques enseignes parisiennes.
C’est beau, c’est bien rendu et ça fait plaisir de voir la capitale française sous un jour cinématographique autre que celui de la capitale clichée des couples éperdument amoureux.
Pourtant, c’est bien d’amour dont on parle dans Iris.
L’amour qui unit le banquier Antoine Doriot à sa femme Iris, l’amour charnel également et bien sûr, l’amour de l’interdit, du tabou. Car Paris n’est pas la seule à être bien dépeinte. Le fétichisme, et plus précisément celui du sado-masochisme et du bondage (pratique qui consiste à attacher son/sa partenaire dans le cadre d’une relation érotique ou sexuelle), est montré de façon pudique et complice. On est bien loin des clichés humoristiques faciles ou des regards outrés et médisants. Là, le sado-masochisme est une pratique cachée, mystérieuse, un peu angoissante mais qui est détaillée par le prisme de la curiosité et de la bienveillance. La perversion est certes, présente, mais elle a, tout comme la capitale de ce film, quelque chose d’envoûtant. Et puis, peut-on réellement parler de sexe sans finir par glisser vers la pente de la perversion ?

Mais revenons au film et, plus précisément, à ses acteurs.
Ils jouent tous délicieusement bien. Les dialogues sont bien écrits, sonnent justes et la direction d’acteurs est absolument parfaite. Quand au trio de tête composé de Charlotte Le Bon, Jalil Lespert et Romain Duris, il vraiment bien.
Charlotte Le Bon campe une femme aussi forte que fragile et énigmatique, alors que Jalil Lespert joue parfaitement le mari inquiet et complexe qui ne manquera pas de faire penser à un John Ferguson d’Hitchcock (Vertigo) .
Quant à Romain Duris, le voir dans un rôle autre que celui du playboy de ces dames à de quoi ravir. Son personnage est taciturne, brute, naturel. Il lui va comme un gant et, malgré le peu de dialogue qu’il possède, on ne peut que s’attacher à ce mécanicien fauché bien plus expressif dans ses silences que dans ses mots. On reconnaîtra cependant que son port de la moustache reste discutable.

Jalil Lespert

Malgré tout ces côtés positifs, le film n’arrive pourtant pas à convaincre.
On a un commencement prometteur puis, quand on découvre le début du pot aux roses, on se rend compte que le scénario repose sur un ressort classique et déjà vu un bon nombre de fois. A partir de là, on attend la fin, presque avec ennui, se consolant grâce à la beauté sombre d’un Paris nocturne sulfureux.
Ce qui est dérangeant, c’est que le film a été largement présenté et vendu comme un thriller. Or, le propre de ce genre c’est qu’il joue sur le suspense, la tension narrative et l’angoisse du spectateur.

Si une très légère inquiétude survient au bout de 15 minutes de film, elle s’évapore cependant aussi vite qu’elle n’arrive. On se laisse alors porter par la suite, plus par curiosité et pour vérifier si l’hypothèse terriblement classique que l’on a sur l’intrigue est vraie ou non. Et elle va s’avérer vraie.
Quoiqu’il en soit, ce film tient plus du film noir (très) lent que du thriller rebondissant et angoissant. Pourtant, les influences d’Hitchcock et de De Palma sont clairement palpables.
Mais ça ne suffit pas.
Si vous voulez voir un véritable bon thriller, prenez plutôt un film de David Fincher (Seven, Fight Club, Zodiac, Panic Room, Gone Girl, etc...). Là au moins, l’angoisse est présente du début à la fin et ne vous quittera pas même après avoir terminé votre visionnage.

Ou bien regardez la bande-annonce d’Iris. Qui, en plus d’être terriblement bien montée et d’être, pour le coup, un vrai mini-thriller haletant, reprend la quasi-totalité des moments clés du film. En fin de compte, peut être est-ce là le problème majeur du film : sa durée. Il aurait sans aucun doute été bien plus palpitant et rapide s’il avait fait 15 ou 20 minutes plutôt que 1h39.
En bref, ce film veut bien faire et il fait tout pour y arriver. Il veut qu’on le regarde, qu’on l’aime, qu’on lui dise qu’il est beau, qu’on soit happé par lui et son intrigue...
Mais au final, bien que ce soit un film passionné et passionnel, il n’a aucun goût, aucune saveur, et on l’oublie aussi vite que l’on oublie le goût de l’eau que l’on boit.
Sortie prévue pour le 16 Novembre, le film est un remake de Chaos d’Hideo Nakata.

Ecrit par Marie Quillet


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