Il y a trente ans et même plus, alors que nombre de nos intellectuels à la mode prônaient et prônent d’ailleurs encore, histoire de changer le monde, la « doxa » qui attribue le devenir des individus à leur seule socialisation, l’un des chercheurs en psychologie les plus renommés du monde, l’américain Robert Plomin plaide dans un ouvrage récent, au risque de déplaire, pour l’influence de la nature sur les comportements et suggère qu’elle peut compter autant, voire plus, que la culture. (Le livre : « Blueprint » de Robert Plomin). Les gènes ont beaucoup à voir avec l’intelligence, les résultats scolaires ou encore les revenus dit-il … Plus généralement, nous savons désormais que les enfants sont similaires à leurs parents biologiques qu’ils soient élevés par eux ou adoptés par la suite. Voilà une démonstration puissante de la prépondérance de la nature sur la culture. Le milieu joue un rôle mais l’influence de l’éducation est bien moindre que ce que l’on a longtemps pensé. L’éducation parentale est importante mais elle ne fait pas la différence. Les gènes ont des répercussions tout au long de l’existence et selon Robert Plomin, « l’héritabilité » ne cesse de croître tout au long de la vie, passant de 20% dans la petite enfance à 60 % dans l’âge adulte, voire 80% durant la vieillesse. Alors que le plus souvent les chercheurs en génétique sont qualifiés d’eugénistes, Robert Plomin nous dit ne pas supporter ces raccourcis. Je suis de gauche dit-il et il ajoute : « La science doit rester à l’écart de l’idéologie. Ce que nous pouvons apprendre de l’ADN, n’a pas d’implications politiques unilatérales. Par exemple, savoir que la réussite scolaire est fortement héritable peut susciter une interprétation autant de droite que de gauche. A droite on pourra dire, « Eduquez les meilleurs, oubliez les loosers ». A gauche on dira, un peu à la finlandaise, qu’il faut aider ceux qui peinent le plus, car les autres s’en sortiront de toute façon, le but étant que tout le monde atteigne un niveau moyen ». Les gens ordinaires ont la meilleure réaction qui soit : ils ne comprennent pas cette opposition stérile entre nature et culture. Ils pensent que l’environnement est important mais que la nature l’est tout autant, et ils ont raison.
Ecrit par Dominique Mirassou