Bordeaux
De 1892 à 1895 le quotidien local, la Petite Gironde va organiser à l’occasion des fêtes de l’Ascension une course d’échassiers reliant Bordeaux à Biarritz pour les hommes, alors que les échassières effectueront un aller-retour Bordeaux-Cérons.
L’exploit de Sylvain Dornon
Les organisateurs de la course ont sans nul doute été inspirés par le double exploit d’un boulanger de Lugos, Sylvain Dornon, qui lors de l’Exposition Universelle de 1889, avait fait l’ascension de la tour Eiffel sur des échasses, puis en 1891, avait relié, en moins de deux mois, Paris à Moscou, toujours sur des échasses !!!
Un succès populaire …
La première édition eut lieu le 26 mai 1892, donnant à voir aux bordelais un spectacle inédit tout à fait curieux. Soixante-neuf échassiers encadrés par des cyclistes traversent la ville devant une immense foule qui notamment rue Fondaudège va déborder le service d’ordre, alors que plus tard, sur les boulevards deux chevaux conduisant des tramways s’emballent !
Plus surprenant encore, le départ des échassières qui au lieu de se rendre à Biarritz, vont voir la première d’entre-elles, boucler l’aller-retour Bordeaux-Cérons en dix heures et vingt-cinq minutes.
Echassiers, coureurs et cavaliers s’affrontent …
L’année suivante verra la course relier Bordeaux à Montauban, alors que la troisième édition en 1894, après un départ donné par Maurice Martin, « père » de la Côte d’Argent, en présence du populaire « Paulus » verra neuf coureurs s’affronter : trois échassiers, trois piétons et trois cavaliers qui feront un aller-retour Bordeaux-Saintes via Périgueux et Angoulême.
Quinze-mille personnes sont massées sur l’avenue Thiers pour acclamer l’arrivée du cavalier Florange et de son cheval Charlatan qu’il faut protéger d’admirateurs essayant de lui arracher des crins, souvenir d’un raid de 424 kilomètres accompli en 72 heures et 27 minutes …
Un cavalier triomphe alors que les autres concurrents sont épuisés, à part les trois échassiers, tous ont abandonné …
La dernière course …
En 1895, la course oppose cette fois, quinze échassiers à quinze chevaux attelés sur un parcours Bordeaux-La Rochelle via Niort et voit le triomphe d’un sexagénaire, M. Arroman, qui accomplit en moins de 72 heures 30, les 525 kilomètres devant un autre équipage complétement épuisé et un échassier courageux qui termine l’épreuve malgré un bras fracturé vingt kilomètres avant l’arrivée.
Trop exigeante, trop difficile, ce sera la dernière course, les échassiers seront dorénavant exclus des épreuves sportives et ne participeront plus qu’à des manifestations folkloriques.
(Source : La Belle Epoque à Bordeaux Albert Rèche)
Ecrit par Dominique Mirassou