Bordeaux
Né en 1844 sur le cours Victor-Hugo, non loin de la Flèche Saint-Michel, Ulysse Despaux qui fait ses débuts à l’Alcazar va conquérir le cœur des bordelais en créant des personnages populaires, véritables petits chefs d’œuvre d’observation. Comme le fut Meste Verdié sous la restauration, Ulysse Despaux va devenir un précieux témoin de la vie bordelaise.
Le « Caulegue » Ulysse Despaux !
Après ses débuts à l’Alcazar, Ulysse Despaux va faire une tournée nationale avec le célèbre Paulus. Paris applaudit, à l’Eldorado, au Chat noir, cet ancien comptable de la Compagnie des chemins de fer du Midi, auquel très vite, sa ville natale va manquer. Il y revient, joue la comédie aux Bouffes et au Théâtre des Arts avant de fonder un cabaret artistique « Bordeaux chez lui » installé dans l’hôtel Sarget du cours de l’Intendance.
Le rédacteur en chef de la « Vie bordelaise, « Ernest Toulouze » dira de notre artiste : « son horizon est borné, au nord par Blanquefort ; au sud par Bègles ; à l’est par La Bastide et à l’ouest par Pichey. Mais dans ce périmètre rien n’échappe à son œil ; les êtres et les choses y vivent pour lui et revivent par lui ».
Témoin d’un Bordeaux qu’il connait bien, fréquente et aime, il ne va dès lors plus cesser de multiplier la création de monologues.
Le style Ulysse Despaux
Alors qu’à la même époque on parle à Bordeaux de Clubman, de surprise-party, de modern’style, que s’installent des bars américains, que le célèbre « Lion rouge » devient « The red lion » que l’on danse le one-step et que les élégantes qui se chaussent à la Cordonnerie du High Life, prennent le thé au « Five O’clock », le « Caulegue » Ulysse Despaux va connaître un très grand succès grâce à des monologues d’un tout autre genre.
De « L’accent c’est sacré » à l’inoubliable « Omelette au préalable » « Et sabi dounc qués aco que lou préalable », en passant par « Pôvre il est midi ». Son « Madame Chibosse » restera aussi célèbre que les débats animés entre M’ame Sagasse et M’ame Gardine ou encore les étonnants Dufisson et Jendebitte, perpétuant ainsi, mais en moins cru cependant, les « fortes en gueule » de Meste Verdié.
Un grand succès
Le public viendra nombreux, sans se lasser, pour écouter Despaux dans son cabaret mais aussi parfois, à la Foire, dans l’odeur des frites de la baraque : l’auberge « Au bon piccolo sans eau ».
Son imposante silhouette, sa large lavallière émergeant d’un veston serré, resteront légendaires au point de figurer sur le monument élevé à sa mémoire à l’ombre de la Flèche Saint-Michel (le connaissez-vous ?). Le plus typique et populaire des bordelais de la « belle époque » aura laissé un souvenir impérissable au petit peuple de sa ville. Nous vous laissons bien sûr le soin de trouver et de contempler le fameux monument, il paraît qu’aujourd’hui, très peu de bordelais le connaissent ….
Sources : La Belle Epoque à Bordeaux Albert Rèche
Ecrit par Dominique Mirassou