Bordeaux
Parmi les derniers maires de Bordeaux, il nous faut remonter à 1925 pour en trouver un qui soit natif de notre chère ville. Adrien Marquet, Maire élu par le conseil municipal le 3 Mai 1925, réélu en 1929 et 1935, déchu le 29 août 1944, naquit à Bordeaux le 6 octobre 1884. Elève au Lycée Paul Bert, il poursuivit des études médicales à Bordeaux, obtint le diplôme de chirurgien-dentiste, et s’installa dans la maison paternelle, au 104 du Cours Victor Hugo.
Le 29 Août 1944, les maquisards et la police bordelaise procèdent à l’arrestation du Maire de Bordeaux, Adrien Marquet (soupçonné d’actes de collaboration) et le mettent en résidence surveillée à l’Hôtel Royal-Gascogne.
- Intérieur Hôtel Royal Gascogne 1935
- Bartko-Reher-CPA
Le Maire déchu de ses fonctions par le gouvernement provisoire, a refusé de se cacher ou de s’enfuir. Il est transféré au fort du Hâ puis à la prison de Fresnes, où il restera trente mois en attente d’être traduit devant la Haute Cour de justice. Malgré de nombreuses controverses concernant son attitude durant la guerre, il sera frappé de dix ans d’indignité nationale par cette Haute Cour. Il reviendra néanmoins sur la scène politique bordelaise et mourra, frappé d’un infarctus lors d’une réunion politique en 1955. Ses obsèques rassembleront partisans et adversaires. Rapidement, afin d’assurer la sécurité, le commissaire de la République, représentant du général de Gaulle, Gaston Cusin procède aux diverses nominations préfectorales et municipales.
C’est Jean Fernand Audeguil qui sera le président de la délégation municipale spéciale nommée par le commissaire de la République, Gaston Cusin le 28 août 1944. Originaire de Montclar d’Agenais, où il naquit en 1887 dans une famille modeste, Fernand Audeguil, professeur, membre de la S.F.I.O. entre en 1920 à la Mairie de Talence, il devient adjoint en 1935, puis député de la IIème circonscription de Bordeaux en 1936. Farouchement opposé au régime de Vichy, il gagnera le maquis des Landes dès 1941. Journaliste militant, il est rédacteur dans l’Unité Socialiste et le Populaire Girondin. Homme cultivé, pianiste, amateur passionné de musique classique et de peinture, il s’attachera à développer au maximum les services sociaux. En 1947 il se présente aux élections municipales à la tête d’une liste exclusivement socialiste. La mésentente avec les communistes provoque sa chute, et il doit céder sa place en Octobre 1947 à Jacques Chaban-Delmas. Au mois d’août 1949 Fernand Audeguil reçoit la Croix de la Légion d’honneur pour « services exceptionnels de guerre et de résistance ».
- Fernand Audeguil, député SFIO et futur maire de Bordeaux, fut l’un des 80 parlementaires à ne pas voter les pleins pouvoirs à Pétain
- PHOTO AFP
Il décèdera le 23 novembre 1956 des suites d’une intervention chirurgicale.
Fils de Pierre Delmas, ingénieur, et de Georgette Barrouin, professeur de musique à Bordeaux, Jacques Delmas naquit à Paris le 7 mars 1915, après des études pas toujours très sages au Lycée Lakanal, il obtient une licence en droit et obtient brillamment le diplôme d’études supérieures de sciences politiques. Durant la guerre, il entre en résistance, de 1942 à 1944 il changera plus de trente fois d’appartements ou de caches. Nommé général de brigade par le général de Gaulle, c’est ce dernier qui l’envoie à Bordeaux : « Allez à Bordeaux, et rendez à cette ville la grandeur qu’elle n’aurait jamais dû perdre ». Les élections de 1947 vont entériner non seulement sa victoire sur les nostalgiques de l’ancien maire Adrien Marquet, mais aussi sur les clans. Doté d’un charme et d’un sourire à toute épreuve, ce jeune général, sportif, à la fois tennisman et rugbyman de haut niveau, va vite acquérir une grande popularité. Chaban tisse très vite sa toile d’araignée faite d’une politique de réseau et d’alliances. Quarante huit ans de règne, sans discontinuer en feront un véritable « Duc d’Aquitaine », qui occupera parallèlement les plus hautes fonctions ministérielles, ainsi que la présidence de l’Assemblée Nationale. Beaucoup plus adulé que critiqué, Jacques Chaban Delmas mourra en son domicile parisien le 10 novembre 2000 dans sa quatre vingt cinquième année. « La France » lui fait des funérailles nationales. Il sera inhumé à Ascain au pays basque.
A son arrivée à Bordeaux, Alain Juppé, Premier ministre depuis le 18 mai 1995, ne dispose pas du statut de dauphin, et encore moins de celui de fils spirituel. Choisi par les instances parisiennes, accepté par les forces vives de l’économie, au final adoubé par Jacques Chaban-Delmas, il lui reste dès lors à conquérir la ville et ses habitants. Il sera élu dès le premier tour avec 50,28% des voix et obtient 48 sièges sur 61, ce qui ne laisse que quelques sièges à ses opposants dont le socialiste Gilles Savary.
Alain Juppé est né à Mont de Marsan le 15 août 1945, d’un père, ancien joueur de rugby, exploitant agricole dans la forêt landaise, et d’une mère fille de magistrat. Il collectionnera tout au long de son parcours scolaire et universitaire les prix d’excellence, Normale supérieure, une agrégation de lettres classiques et l’ENA vont concrétiser ce brillant parcours. De 1972 à 1976, il sera Inspecteur des Finances, puis fera son entrée en politique.
- Jacques Chaban-Delmas
- leonherschtritt.com
La mise en place d’un nouveau plan d’urbanisme dont le tramway sera le fil conducteur, le désir affiché de rendre le fleuve à la ville par l’aménagement des rives, le ravalement des façades, le désendettement de la ville, telles sont les premiers soucis et projets du nouveau Maire. En 2001, alors que le tram n’est pas encore en exploitation, mais que le ravalement des façades laisse entrevoir une ville où il fera bon vivre, Alain Juppé est réélu. A la suite de l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, le maire, dans la matinée du jeudi 2 décembre 2004 annonce son départ de la mairie et termine son allocution par un mot gascon adichats qui peut signifier à bientôt ou adieu pour toujours.
Il désigne son premier adjoint comme successeur,devant la presse Hugues Martin déclare : « Je serai un maire de plein exercice et de pleine responsabilité ». Hugues Martin est né à Macon le 2 janvier 1942. Il se marie le 30 août 1965 avec Madeleine Boissarie descendante d’une grande famille bordelaise. Il dirige un cabinet d’assurances avec Francis Boissarie. Président de l’Union des Jeunes pour le Progrès de 1968 à 1974, Hugues Martin deviendra très vite le collaborateur ainsi que l’un des plus fidèles soutiens de Jacques Chaban-Delmas. Pilote et conseiller dès 1995 d’un Alain Juppé connaissant mal le terrain bordelais, il prend donc dans ces conditions particulières les rênes de la ville en novembre 2004. Maire d’écoute et de proximité, européen convaincu, promoteur de la voiture électrique, impliqué dans les dossiers sociaux et médicaux, il développe la participation citoyenne à la vie de la commune par de multiples initiatives. Beaucoup diront que c’est sans remous et sans secousses qu’il a mené le bateau bordelais à bon port. Toujours loyal, face aux journalistes qui ne cessent de l’interroger sur ses états d’âme et sur la raison de la rétrocession de son mandat dès le retour d’Alain Juppé, il répond : « Etre numéro deux derrière un homme comme Juppé me convient parfaitement ».
Alain Juppé reprendra son fauteuil avec détermination le 15 Octobre 2006. Depuis l’histoire continue et se rapproche de l’actualité, nous en reparlerons.
Sources : A partir des Dossiers d’Aquitaine - Histoire des Maires de Bordeaux.
Note : Salon du Livre, Dimanche 7 Avril, à 11 heures.
Conférence : « Adrien Marquet, ancien maire de Bordeaux ».
Par Franck Lafossas et Benoît Ducos-Ader.

Ecrit par Dominique Mirassou
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