Le jeudi 28 janvier, l’Institut français organisait sa 6 ème édition de la Nuit des Idées sur le thème « Proches ». Pour l’occasion, un grand live de 24h de l’Océanie à la côte Ouest des Etats-Unis était accessible à tous en ligne pour discuter des grands enjeux contemporains.
Ce projet unique qui a vu le jour aux quais d’Orsay est désormais un évènement mondial qui touche près de 200 villes dans 103 pays. Cette Nuit des Idées, qui a pour vocation de célébrer la libre circulation et diversité des idées, était rendue accessible à tous cette année. Pour y assister, il suffisait de se rendre sur l’évènement Facebook ou sur YouTube, ou tout simplement sur le site internet www.lanuitdesidees.com. Le thème de cette année, « Proches », renvoyait évidemment à la crise sanitaire, mais dans sa dimension interculturelle qui soulève la question des rapports individuels et collectifs à l’espace. « Jamais le quotidien de ceux vivant à l’autre bout du monde nous a paru si puissamment lié au nôtre », comme déclarait Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Le philosophe et sociologue allemand Hartmut Rosa faisait l’honneur d’être le parrain de cette sixième édition particulière. Entre les aléas du directs et les discussions entre experts en distanciel, cette 6 ème nuit des idées aura aussi été un défi logistique de taille pour l’Institut français. D’Est en Ouest, l’évènement a suivi le soleil. Ce grand live a commencé aux Fidji le jeudi à 9h et s’est clôturé le lendemain matin à 8h15 cette fois-ci aux Etats-Unis à Houston. En plus du grand live de 24h, certaines villes accueillaient leurs propres évènements en présentiel ou en ligne, comme à Tokyo avec un débat autour du rire et de la question si celui-ci rapproche ou éloigne les individus.
- Hartmut Rosa, Sociologue allemand parrain de l’édition 2021
Des performances artistiques aux discussions sur les enjeux contemporains locaux comme globaux, il y en avait pour tous les goûts et à tout moment de la journée. L’ambassade française au Cameroun proposait par exemple un micro-trottoir sur qu’est-ce que la proximité, et de qui ou quoi les Camerounais sont le plus proches. Certains interrogés offraient des réflexions intéressantes en répondant qu’ils se sentent plus proches de leur téléphone que de leur conjoint car leur relation dépend du téléphone. Si la question de la crise sanitaire est souvent revenue, ce n’était pas l’unique sujet pour autant. L’année 2020 a aussi été marquée par la terrible explosion à Beyrouth. Au-delà des pertes humaines et matérielles, il y a aussi les pertes culturelles avec la disparition de nombreuses œuvres d’art et artistes. Des dialogues intra frontalières ont également eu lieu, comme celui entre Chad Richardson aux États-Unis et Victor Zúñiga, au Mexique, en compagnie de Rubén Hernández-León, sociologues spécialistes de la frontière entre les deux pays. La question de la langue française comme langue dite officielle en Afrique a elle aussi été soulevée. Si aujourd’hui le français est la langue maternelle pour beaucoup en Afrique, peu d’entre eux se reconnaissent dans l’histoire et l’étymologie de cette langue imposée par la colonisation. Ces pays se sont donc attribués la langue avec un accent et un jargon que les Français ne comprennent pas. Au Royaume-Uni, les invités se posaient la question d’un potentiel retour au nationalisme dû à la crise sanitaire. Alors que la solidarité devrait battre son plein, les plus grandes nations se disputent pour savoir qui a inventé le vaccin, qui vaccine le plus vite et qui réussira à sortir de cette crise en premier. Pendant ce temps, les pays émergents comme l’Afrique du Sud assistent impuissants à cette guerre des vaccins entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, au détriment de leur population et leurs pertes humaines plus importantes, en se demandant à quand leur tour.
Ecrit par Coralie Lamarque