Bordeaux
Il disait à son neveu "Cinq ans après ma mort plus personne ne se souviendra de moi" et apparemment, il n’a pas vu juste car pour l’anniversaire des 100 ans de sa naissance, sa terre natale ne l’a pas oublié.
Enfant du Sud-Ouest et particulièrement de Bordeaux, Jean Lacouture aimait la musique, le rugby et la corrida des aspects totalement présents dans cette exposition entièrement consacrée à ce fils de chirurgien renommé, chirurgien qui en son temps se tourna vers la mutualité au grand dam de ses confrères d’alors ce qui lui valu d’être attaqué devant le Conseil de l’Ordre. Issu d’une famille bourgeoise nul ne pouvait prévoir que Jean s’ouvrirait à l’écriture à travers l’histoire et la politique pour fournir une oeuvre qui vue sa consistance et son ampleur laissera malgré ce qu’il a pu penser, une trace dans l’histoire. En tant que journaliste Jean Lacouture a commencé sa carrière dans les rizières d’Indochine pour la poursuivre lors de son retour en France après deux ans passés au Maroc à Combat qui fut le grand journal d’après guerre dont Albert Camus fut rédacteur en chef et chroniqueur entre 1943 et 1947 mais il n’y restera pas très longtemps. A l’initiative d’Alain Rousset le mois de novembre de cette année lui est dédié avec cette exposition qui permet de mieux le connaitre ou pour ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir à travers un parcours de vie très riche semé de rencontres incroyables comme celle d’Hô Chi Minh et du Général Giap pendant la guerre d’Indochine. C’était un témoin du XXème siècle et tous ses écrits en font foi, peut être que le livre qui résumerait le mieux sa vie pourrait être "Une vie de rencontres" paru au Seuil en mai 2005 dans lequel il dresse une riche galerie de portraits.
- Autour d’un espace bureau
Lors de l’inauguration de cette exposition on a pu reconnaitre les visages d’anciens ministres comme Elisabeth Guigou, Hubert Védrine, Bernard Cazeneuve, ainsi que les visages d’actuels ou anciens conseillers régionaux comme Anne-Marie Cocula attentifs au propos d’Alain Rousset qui a fait état des relations qu’il a pu entretenir avec Jean Lacouture avant que Pierre Hurmic ne prenne la parole qui a donné lieu à un petit échange chambreur dans lequel Alain Rousset avait demandé à Pierre Hurmic de ne pas parler de TGV et que c’est le Président du Conseil Régional qui en a parlé le premier déclenchant des sourires amusés mais il ne sont pas allé au delà de la boutade amicale car ce n’était ni le lieu, ni l’heure. Pierre Hurmic a évoqué Jean Lacouture à travers ses lectures assidues du Nouvel Observateur dont Jean Lacouture reste une des grandes figures avec Jean Daniel, lui aussi aujourd’hui disparu. C’est ensuite son neveu qui a évoqué cet oncle personnage attachant qu’il a évoqué de manière assez brève mais avec plein de tendresse, d’admiration et de respect. C’est ainsi qu’autour d’un espace bureau recréé, sept parties composent cette exposition : « Jeunesse et origines », « Une vie de rencontres et d’amitiés », « Simonne et Jean », « Sa région, ses passions », « Homme de lettres », « Citoyen du monde » et « Hommages ». Plus qu’une visite cette exposition mérite un examen minutieux permettant de découvrir les contours de la personnalité de l’homme journaliste, portraitiste et chroniqueur témoin de son siècle.
NE PAS MANQUER Exposition "Jean Lacouture, témoin du siècle"
Hall de l’Hôtel de Région à Bordeaux, tout au long du mois de novembre
entrée gratuite
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette