Bordeaux
Lauréat du Grand Prix Bernard Magrez 2016, dans la catégorie peinture, Luc Detot est originaire de Paris. Installé à Bordeaux depuis plusieurs années, Luc Detot n’est pas un peintre exclusif, c’est un dessinateur et un sculpteur contemporain. Cette pluridisciplinarité se retrouve dans son exposition, mêlant portrait et univers rêvé.
Au rez-de-chaussée de la galerie, l’œuvre monumentale « suivant le vœu fait » de Luc Detot est présentée, donnant son nom à l’exposition. Faisant face au visiteur dès son entrée elle l’interpelle sur son corps, la vie et la mort. Plus de 200 fragments composant « suivant le vœu fait » sont accrochés sur un immense mur blanc. Tous différents, ils ont été modelés à la main par Luc Detot puis peints ou recouverts de céramique ou de cire ou de feuille d’or soit colorés en blanc ou bleu et parfois teintés de couleur rougeâtre. Ces fragments modelés sans grande précision représentent des parties de corps humains, des organes internes, des bouts d’os, des dents, ou encore des sexes mâles ou féminins. D’autres fragments, quant à eux, en creux, sont des empreintes de pied et de main, traces du passage de l’humain. L’ensemble de ces fragments sont disposés au hasard, pourrait exprimer la dispersion des corps dans cette société qui rend les humains objets de consommation.
Luc Detot a été « inspiré par Marcel Duchamp, notamment par ces sculptures dont la feuille de vigne femelle exposée au centre Pompidou ». Marcel Duchamp dans les années 50-60 décline une installation, la figure d’ Étant donnés, en « morceaux choisis » : Not a Shoe (1950), le Coin de chasteté (1954/1963), la Feuille de vigne femelle. Ce mur rappelle aussi la pratique de l’ex-voto, dont les premières traces remontent au 1ier siècle av. J.C., offrande faite à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue. La grâce pouvait être une demande de guérison, ainsi devant l’autel de la divinité était déposé un fragment de l’organe malade. Ici et là apparaissent de même des rectangles gravés de têtes symbolisées, puis des symboles comme « le carré noir inscrit sur un carré blanc, réminiscence iconique de Malévich, entre en résonance avec un cerce noir inscrit sur une sphère laiteuse : une rétine sur son globe oculaire » écrit A. Andriesens.
Luc Detot travaille aussi la question de la mort, il a conçu en édition limitée et numérotée, un ouvrage « La danse macabre » avec 21 dessins accompagnés de poèmes. Au premier étage de la galerie, est exposée une dizaine d’œuvres originales de ce livre combinant différentes techniques, pastel gras, cire, dessin, gravure ou photographie. A l’heure où la mort n’est plus facilement acceptée, ces corps dansants suscitent humour et invitent le spectateur à faire une part entière à la mort dans la vie, sans crainte. Luc Detot gagnant, en 2016, le premier prix jeunes talents de Bernard Magrez, est présenté deux fois cet été dans Bordeaux car on peut aussi retrouver son travail sur les corps à la Galerie D.X.
Institut Bernard Magrez, Galerie des Nouveaux Talents,
Luc Detot "Suivant le vœu fait" du 4 juillet au 13 aout 2017.

Ecrit par Véronique Saint-Ges
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