Bordeaux
Depuis début 2016, la rue Fondaudège souffre du chantier colossal lié à l’arrivée prochaine de la ligne D du tramway. Toujours en construction, cette longue rue issue de la place Tourny et qui remonte jusqu’aux boulevards du Président Wilson, ne cesse de faire parler d’elle… Les désagréments se multiplient : amendes de stationnement, livraisons impossibles ou encore trafic complètement perturbé du matin au soir, certains clients et commerçants n’en peuvent plus.
« Une clientèle de passage envolée »
« Les problèmes vont bien au delà de ce qui peut-être normalement généré par les chantiers. » commence Elise Maury, co-gérante du Carrefour City, situé au cœur des travaux. Les travaux ont fait fuir de nombreuses personnes, principalement les clients nomades, dits de passage. « Avant, uniquement le lundi, on faisait près de 20 000 euros de chiffres. Aujourd’hui, on enregistre à peine 14 000 euros, et encore. Sur la plus grosse journée qui est le samedi, on touche même pas les 20 000 euros qu’on faisait habituellement en semaine. » dénote Elise. « Même si on peut compter sur une clientèle de proximité stable et fiable, la clientèle de passage, elle, s’est envolée. En même temps, est-ce que ça donne envie ? Et bien non, et je les comprends. » Les commerces souffrent depuis début 2016 et ne pourront pas beaucoup souffler jusqu’à la fin des travaux prévus pour fin 2019.
- Magasin de proximité
Bureau de Tabac et cave à vin dans la tourmente
Même bilan pour le bureau de tabac qui est passé de 1 500 à 200 personnes par jour, tandis que la cave à vins connaît aussi une bien triste baisse de 75% de sa fréquentation. Les commerçants ont donc perdu leur clientèle de passage, mais peuvent continuer à compter sur les riverains. C’est quelque part aux habitants de jouer le jeu en continuant à fréquenter leurs commerces de proximité. « Ils seront les premiers touchés si des boutiques ferment. Les temps sont durs, nous en avons bien conscience » explique Maribel Bernard, conseillère municipale déléguée pour le commerce et l’artisanat à la Ville de Bordeaux, à travers un communiqué. L’élue annonce tout de même une bonne nouvelle : le chantier de la ligne D n’est pas en retard et les rails sont déjà en cours d’implantation. Le quartier devrait être libéré de ses chaînes et barrières fin 2018 dans sa configuration finale pour accueillir le tram même s’il faudra encore attendre une petite année pour l’y voir passer.
- Sortie difficile
Plus de 200 signatures en quelque jours
Avec cette forte baisse d’attractivité, le quartier peine à évoluer en toute tranquillité. Si bien que certains commerçants ont décidé de réagir en créant une pétition qui a déjà reçu plus de 200 signatures. Sandrine Jacotot, directrice d’Entre Deux Vins, est à l’initiative de cette pétition et fait part de trois demandes majeures : la réfection des trottoirs, l’abaissement de leur hauteur, ainsi qu’une heure de stationnement gratuit pendant les travaux. A cause des chantiers, les trottoirs sont abîmés et parfois dangereux. Il est donc difficile de circuler pour les fauteuils roulants ou les poussettes. Elise Maury constate que ces chutes deviennent de plus en plus fréquentes et les petits accidents multiplient : « J’ai vu une jeune fille trébuchée sur une plaque de tôle mal fixée. Son genou a tourné et elle hurlait à la mort… Elle était toute jeune, alors imaginez les personnes âgées. » Avec les travaux, des planches de bois sont également installés sur les trottoirs, ce qui augmente leur taille, déjà importante, de quelques centimètres. Et lorsque les voitures sortent des parkings annexes, elles peuvent frotter contre le bitume et abîmer le châssis... « Vous croyez honnêtement qu’ils font attention à ce genre de détails ? », scande amèrement Mr. Duraneau, dont la maison est voisine du Carrefour City, au milieu d’un vacarme incessant.
- Un itinéraire difficile pour les piétons
De gros problèmes de stationnement
Enfin, le stationnement dans la rue n’est semble-t-il plus vivable. Tant pour les clients que pour les livreurs : « de plus en plus de livreurs refusent de venir », explique Elise Maury. « La plupart ne peuvent pas se garer et repartent directement sur le coup de l’énervement. C’est tout un système qui est mit en péril par-derrière. » Certains en viennent même à s’arrêter au milieu de la voie pour décharger en vitesse la marchandise, quitte à interrompre la circulation durant quelques minutes. Même problème pour les personnes qui disposent de peu de places pour stationner afin de venir faire leurs achats. D’autant que le moindre faux-pas est sévèrement puni d’une amende particulièrement salée car les délégataires verbalisateurs sont essentiellement motivés à faire rentrer de l’argent et se préoccupe peu du bien être de la population. Un peu plus de magnanimité serait nécessaire pour conserver un semblant d’attractivité et ne pas perdre les irréductibles qui viennent faire vivre ces enseignes de la rue Fondaudège, les commerçants aimeraient donc bénéficier d’au moins une heure de stationnement gratuite durant toute la durée des travaux.

Ecrit par Paul Savary
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