Bordeaux

Bernard Pivot, adepte du principe de Peter

Brigitte Besse de l’IJBA a interviewé Bernard Pivot lors de la présentation de son dernier livre « La mémoire n’en fait qu’à sa tête ».



Les curieux intéressés qui avaient investi la Station Ausone ont manifestement eu plaisir à écouter Bernard Pivot . Même s’il ne se considère pas comme un intellectuel, il est une source incroyable de souvenirs littéraires et d’anecdotes savoureuses à l’exemple de la dispute qui l’opposa à Maurice Druon au sujet des ruptures de ton et des carambolages sémantiques et qui finit par tourner à son avantage.
Bernard Pivot estime que le fonctionnement presque stochastique de la mémoire se prête mal à l’écriture qui la soumet à la linéarité d’une chronologie et d’une logique qui lui est fondamentalement étrangère. " la mémoire elle est parfois grave, parfois fantasque". Il fit donc le choix de soumettre l’écriture à la mémoire plutôt que l’inverse. Dans ses souvenirs, le vin tient une place importante comme en atteste le "Dictionnaire amoureux du vin" qu’il a fait paraître . Bordeaux ou Bourgogne ? À Brigitte Besse il affirma que sa cave contenait plus de Bordeaux que de Bourgogne parce que les surfaces viticoles sont moins importantes en Bourgogne qu’en bordelais...

Bernard Pivot n’est pas seulement amoureux des mots, des livres ou du vin, il a également su discerner quelle devait être sa place, suivant l’intuition énoncée par le principe de Peter qui énonce que "dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence". Ainsi, la première illustration de ce principe pour Bernard Pivot est peut être dans sa déclaration :"J’ai préféré être un bon journaliste plutôt qu’un mauvais écrivain". Il a cité l’épisode au cours duquel son nom étant apparu dans la presse pour diriger une chaîne de télévision, il s’est précipité sur le téléphone pour dire "surtout pas, je serai incompétent" !
Son livre est difficile à résumer et Bernard Pivot l’explique mieux que quiconque : "On s’arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvre ou courant sur la peau… Décidément la mémoire n’en fait qu’à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années. C’est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d’adieu." Une manière inédite d’écrire ce qui a jalonné sa vie et pour les mémoires, il y aura bien quelque auteur pour s’atteler à rétablir une chronologie avec la foule d’éléments que l’on possède sur ce personnage témoin de la littérature d’aujourd’hui qui pense que l’Éducation Nationale devrait enseigner la culture du vin, mais qu’il se rassure, Bordeaux s’y emploie !
La mémoire n’en fait qu’à sa tête
Bernard Pivot
de l’Académie Goncourt
150mm x 220mm
240 pages
EAN13 : 9782226397898
ISBN : 2226397892
Éditeur : ALBIN MICHEL
(01/03/2017)
Edition brochée
18 €

Ecrit par Bernard Lamarque

Co-fondateur de Bordeaux Gazette


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