Bruxelles, les belges disent Brussels, devait être l’invité d’honneur de Bordeaux Fête le vin, vin, vin, en ce mois de juin. La formule humoristique n’aurait pas déplu à Philippe Geluck son ambassadeur pour cette fête trois fois vin car à l’occasion, il illustre des étiquettes du breuvage issu des pieds de vigne.
Avec les 400 ans du Manneke-pis que Bruxelles a fêté l’année passée, le Manneken-pis reste pour beaucoup l’emblème de cette ville même si la statut est petite à l’échelle humaine, on imagine volontiers que l’on aurait pu peut être, découvrir la copie de ce symbole qui comme par miracle aurait échanger son écoulement d’eau en vin à l’occasion de cette manifestation et on sait compter sur l’humour des belges pour ce genre de chose. On peut penser que la Bande Dessinée, sans faire ombrage à Angoulême aurait tenu une place particulière dans l’image que la capitale belge aurait aimer fournir d’elle même pour cette manifestation de Bordeaux fête le vin, vin, vin. Bruxelles reste la Capitale historique de la Bande dessinée et bien difficile de rivaliser avec le CBBD* même quand on s’appelle Angoulême avec un festival devenu festival international, porté à ses débuts par un bordelais Pierre Pascal qui a été membre du jury lors de la première édition en 1974 et son complice Claude Moliterni. Si aujourd’hui on parle de bandes-dessinées franco-belge, il faut savoir que la BD a deux écoles historiques : Brussels illustrée par Tintin et celle de Marcinelle, ville banlieue de Charleroi avec la maison d’édition Dupuy. Bruxelles est la ville aux plus de 100 musées qui aurait eu bien des choses à montrer aux Bordelais lors de ces jours de rencontre, du Musée de la Bande Dessinée au Musée des Instruments de Musique en passant par le Musée Magritte, les Musées Royaux des Beaux-Arts, le Musée Art et Histoire, le Palais des Beaux-Arts ainsi que bien d’autres Musées inédits comme Train World, Autoworld ou le Musée de la Garde Robes du Manneken-Pis, personnage dont on parle plus haut, car ce petit habituellement tout nu, on l’habille pour les grandes occasions.
- La première des murales de Bruxelles fut Broussaille (en vert) d’après Franck Pé, créée en 1991 (la version actuelle date de 1999)
C’est dès 1990 a une époque ou les tags étaient prohibés que la ville a décidé avant tout le monde, de partir à la chasse aux panneaux publicitaires trop nombreux, qui défiguraient la ville de Bruxelles. Très vite se retrouvant avec des murs vides et affreux, elle a décidé en collaboration avec le CBBD*, d’embellir les façades le permettant, en mettant à l’honneur les nombreux artistes qui ont fait la réputation de la BD franco-belge de Tintin à Spirou avec cette impressionnante panoplie de personnages loin du comics américain ou des mangas japonais. Ainsi est apparu en juillet 91 au 39 de la rue du marché au Charbon le premier dessin de rue avec le personnage Broussaille et son amie Catherine qui y sont représentés se promenant dans les rues de Bruxelles, viendront ensuite d’autres auteurs Belges comme les grands noms d’Hergé avec Tintin, de Frankin avec Spirou, de Peyo avec Les Schtroumps, de Morris avec Luky luke puis des auteurs de différentes nationalités comme en particulier des Français Uderzo qui vient de nous quitter en plein Covid 19. Cette réalisation a ouvert la voie a un parcours officiel sur les murs de Bruxelles devenant, ces dernières années, une formidable plateforme d’expression pour les artistes avec des reproductions aussi bien légales de BD qu’illégales de Street Art à tel point que la ville s’enrichit régulièrement d’oeuvres et en ce qui concerne les légales, on découvre des réalisations remarquables ou l’on retrouve même dessiné le décor naturel du lieu ayant servi de décor à une BD comme le montre une reproduction d’un dessin de Francis Carin, rue du Marché au Charbon qui met en valeur la précision du détail des personnages et du site.
- Personnages de la BD Victor Sackville dessinés par Francis Carin dont Rivière est le scénariste et Borile l’auteur
Alors avec ses reproductions légales de dessins d’auteurs de Bandes dessinées qui ont donné lieu à la création du parcours BD Bruxelles n’est elle pas la ville qui a officialisé quelque part le Street Art ou tout au moins une forme dérivée que l’on retrouve dans certains lieux à Bordeaux avec le travail de graffeurs reconnus. Il faut saluer aussi cette prise de position avant l’heure de débarrasser la ville de publicités dévaluant le paysage urbain en masquant ou altérant son patrimoine et laissant la place pour implanter des oeuvres durables. Que ne s’inspire-t’on donc pas de cet exemple donné par une capitale européenne voire l’une des capitales de l’Europe qui héberge la Commission Européenne partageant ce titre avec Strasbourg qui reçoit le Parlement Européen et cet honneur. Angoulême capitale très française de la bande dessinée a emboîté le pas à Bruxelles dans ce genre de manifestation sur les murs de la ville sans pour autant dédaigner la publicité. Beaucoup d’auteurs ne résident pas à Angoulême alors qu’à Bruxelles qui a beaucoup plus d’attraits de nombreux auteurs y résident ou y sont en résidence au CBBD* pour parler de leur travail, l’expliquer et le faire apprécier comme on peut s’en rendre compte en visitant le Musée de la bande dessinée (CBBD) ce magnifique endroit dû à l’architecte Victor Horta, chef de file incontesté de l’Art Nouveau en Belgique. Bruxelles a souvent servi de décors à de nombreuses bandes dessinées comme le Black et Mortimer paru en Mai 2019 "Le Dernier Pharaon" qui a mis en avant l’extraordinaire bâtiment qu’est le Palais de Justice de Bruxelles
*CBBD Centre Belge de la Bande Dessinée
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette