Alors que les élections régionales approchent et que les candidats sillonnent la nouvelle grande région, un entretien avec Virginie Calmels, leader de la liste de la Droite et du Centre, nous a permis de faire le point sur sa candidature à la présidence et de recueillir son diagnostic à propos de la région mais aussi, d’aborder quelques grands sujets nationaux.
Ses affinités avec la région
"La région est la terre de mon enfance, laquelle s’est partagée entre Bordeaux et Jonzac jusqu’à l’âge de douze ans. Années qui comptent fortement dans un attachement, je le ressens encore plus aujourd’hui. Mon père est enterré à Gradignan, ma sœur y vit avec son mari et ses enfants".
Son goût et son choix de la politique
Son « appétence » pour la politique date de son enfance. "Mon père fut un jeune adjoint municipal ; petite, une de mes émissions préférées était « l’Heure de Vérité » de François Henri de Virieu ; dès l’âge de 10 ans je connaissais par cœur la composition du gouvernement".
"Alors que l’importante stigmatisation des entreprises ne cessait de s’amplifier, mon désir de m’orienter vers la politique, de faire quelque chose pour mon pays et de ne pas me résigner à le voir s’enfoncer, s’est concrétisé lors d’une rencontre avec Alain Juppé au cours de l’été 2013. Vous connaissez la suite" …..
Les politiques et l’entreprise
"Deux mondes qui se connaissent mal et c’est valable dans les deux sens, dit-elle. Il faut associer ces deux mondes à la prise de décision, être à l’écoute des entrepreneurs et travailler ensemble de manière régulière. Le Conseil des Entrepreneurs dont je suis à l’origine, existe depuis 18 mois, et se réunit avec à chaque fois un invité, Xavier Niel lors de la dernière séance. Les entrepreneurs ne saisissent pas toujours non plus les difficultés de l’exercice politique, et si, un vrai management est possible en entreprise, ceci est moins simple dans le monde politique où il faut souvent faire preuve d’un supplément de courage et de détermination tant les blocages sont parfois importants".
Comparée à une Margaret Thatcher à l’ambition démesurée
"Thatcher, car depuis toute jeune j’ai toujours décidé et tranché. Chez un homme, on qualifie cela d’autorité, chez une femme, d’ insupportable déshumanisation. J’ai toujours agi avec le désir de sauver l’entreprise et de sauvegarder l’emploi".
"J’ai de l’ambition pour mon pays, ma région et suis fière d’être française. J’ai d’ailleurs déjà fait dans le passé, au détriment de ma carrière, le choix de rester en France. J’ai envie de faire et mon ego ne court pas après médailles et titres de gloire. J’ajoute que je n’ai pas d’aversion pour le risque : dans le monde de l’entreprise, quand on est mauvais, on est viré, je l’entends ainsi en politique".
Autres passions
"Le sport, mais je n’ai plus trop le temps. Mes deux autres passions sont en fait mes deux enfants, âgés de 9 ans et 6 ans et demi, avec lesquels je partage le plus possible d’activités. Redécouvrir et partager avec eux des jeux d’enfants est un bonheur".
Ses projets pour la Région
"Il faut changer les mentalités en instaurant un nouveau rapport de confiance. On ne résout pas les problèmes d’emploi en augmentant les taxes. La non-flexibilité ne protège pas le salarié, car elle détruit l’emploi. Il faut à tout prix lutter contre le misérabilisme et la fatalité, redonner de l’envie et arrêter le nivellement par le bas. Des mesures, comme par exemple la généralisation du tiers-payant chez les médecins et la suppression du jour de carence chez les fonctionnaires, sont tout à fait néfastes".
"La restructuration des régions va coûter plus cher si on n’a pas le courage politique d’améliorer l’efficacité en assumant le non remplacement des départs à la retraite, ainsi que l’optimisation du travail en réseau et celle du numérique".
"Un bon management des effectifs doit ramener l’administration au plus près de l’accomplissement du service au public et permettre de diminuer un absentéisme actuellement trop élevé".
La LGV ….
"Aucun revirement de ma part concernant ce dossier. Si, bien sûr, la LGV est un bien en tant que tel, la pragmatique que je suis ne peut s’empêcher d’évoquer les problèmes financiers non réglés - les 9 milliards de son coût qui ne sont nulle part - et le caractère totalement électoraliste de cette promesse alors que la question plus urgente des fréquences entre Bordeaux et Paris n’est pas réglée".
Le désintérêt des français pour la politique
"C’est d’autant plus malheureux, que quoique les français en pensent, la politique s’occupe d’eux. Il faut à tout prix impliquer les jeunes, cela fait partie de mes ambitions et j’ai quelques idées pour y parvenir".
Langue de bois - "politiquement correct"
"Trop souvent les hommes politiques veulent et prétendent avoir réponse à tout, ce qui n’est concevable dans nul autre secteur. L’omniscience n’étant pas de ce monde, la langue de bois vient souvent s’y substituer".
"Quant au politiquement correct qui est souvent l’art de se masquer la réalité, une bonne part de cynisme et un manque certain de courage l’entretiennent allégrement".
D’une élégance classique, dotée d’un vrai sourire et d’un contact simple et sans artifice, Virginie Calmels ne saurait cacher l’esprit bouillonnant d’une personne détestant la routine. Sa grande ambition n’est pas d’être quelqu’un, ce qui est déjà fait, mais de travailler, d’imaginer, de créer et de faire, comme elle le dit, « avancer les choses ».
Nul doute que sa forte personnalité, ses idées et son « impatient » désir d’agir en agacent plus d’un, pas de quoi apparemment freiner les élans de cette charmante et intelligente « bosseuse ».

Ecrit par Dominique Mirassou
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