Bordeaux

Pour cette dernière Nuit du Savoir de la saison à l’Institut Culturel Bernard Magrez, à quelques jours de la fin de l’exposition « Rêves de Venise », Ashok Adiceam nous proposait un grand et long voyage de l’Orient à l’Occident en conversation avec Aurélie Clemente-Ruiz, Directrice des expositions à l’Institut du Monde Arabe, Commissaire de l’exposition Venise et l’Orient.



Venise inspirée par l’Orient
Evoquer les idées empruntées par Venise à ses voisins musulmans, dont certaines dans le domaine de la philosophie et des sciences. Identifier toutes les œuvres d’art qui reflètent les attitudes vénitiennes, que ce soit la fascination, l’ambivalence ou la peur envers les musulmans. Voir en quoi les artisans vénitiens ont cherché à imiter les styles, motifs et techniques islamiques les plus raffinés, aussi bien en verrerie qu’en céramique, reliure, textiles et armes. Sans oublier l’architecture de monuments majeurs comme la basilique San Marco ou le palais des Doges qui reflète sans aucun doute la proximité de Venise avec le Proche-Orient musulman. Tels furent les thèmes abordés par Aurélie Clemente-Ruiz, conférencière érudite et passionnée.

Les débuts de l’histoire
Nous apprenons que tout commença en 828 lorsque deux marchands vénitiens (Rustico et Bono) vont à Alexandrie, récupérer la dépouille de Saint Marc, et la ramènent à Venise après quelques ruses et péripéties. La basilique sera construite autour de cette dépouille. Les premières relations de Venise avec l’Orient seront quant à elles essentiellement diplomatiques pour assez vite évoluer, car Venise bâtie sur les marécages n’a pas de ressources propres et doit se retourner vers la mer, la suprématie du commerce méditerranéen est pour elle évidente.

Le pouvoir politique
Un pouvoir politique fort va s’instaurer pour maîtriser les échanges avec l’Orient, avec parallèlement un fort développement de la langue arabe. Le plus ancien Coran en arabe sera imprimé à Venise. Aurélie Clemente-RuizEt notre conférencière d’évoquer le détournement de la Croisade par les Vénitiens en 1204, suivi du pillage de Constantinople. Le trésor de la Basilique Saint Marc venant pour moitié du Sac de Constantinople.

Artisanat
Évoquant les fameux tapis de Lorenzo Lotto, qui sont en fait des tapis Turcs, car les tapis viennent exclusivement d’Orient, nous apprenons aussi que vers le 12ème siècle alors que les Vénitiens ont des comptoirs dans tout le monde arabe, les arabes eux ne s’installent pas à Venise. Les marchandises les plus échangées sont les productions en verre, verre travaillé à Venise par les verriers déplacés sur l’ile de Murano en 1291 pour limiter les risques d’incendie de la ville. Les verriers vont copier les formes orientales en les épurant et à partir de l’invention du Cristallo les Vénitiens vont prendre le dessus dans les domaines du verre et de la céramique. Beaucoup de produits, soies, épices, brocarts et tentures de tous motifs viennent de Méditerranée orientale car les marchands vénitiens sont actifs dans des centres comme Le Caire, Alexandrie, Constantinople, Bursa, Acre, Damas, Alep …..

Arts
Passeur du savoir de l’antiquité (mais pas seulement) vers l’Occident, le monde musulman va faire appel à des peintres vénitiens. Sur la demande du Sultan Mehmet II qui a pris Constantinople aux Byzantins, Gentile Bellini fils du premier peintre orientaliste va réaliser son portrait, premier portrait dans le monde arabe et vivre à la cour avec de grands privilèges. Suite au passage de Bellini, on trouvera des portraits de Sultans en continu. Des tissus en velours brodés d’or et d’argent vont arriver d’Orient pour habiller les Doges. Coupés et façonnés sur place avant que Venise ne se mette à en produire. Dans le mobilier l’influence de l’Orient est aussi très grande. On peut dire qu’à cette époque aucune autre ville ne cultive aussi assidûment et avec tant de succès le commerce et la diplomatie avec l’Orient, et que la prospérité de Venise dépend presque entièrement de sa fonction de porte de l’Europe ouverte sur les civilisations les plus riches de l’Orient.
Bernard Magrez, Aurélie Clemente-Ruiz et Ashok Adicéam
Le déclin des échanges
Alors que le monde Ottoman devient un concurrent, les Vénitiens vont se tourner vers les Perses. Le Chah et les Doges échangent des cadeaux, la Perse devient un partenaire, mais à partir du 17ème siècle les échanges avec l’Orient vont décliner, l’oriental devient menaçant, on va même se moquer de la culture orientale. Le temps des échanges fructueux pour tout le monde est bel et bien terminé. L’oriental n’est plus que décoratif, Tiepolo, puis Guardi. C’est le début d’un Orientalisme qui n’a rien à voir avec celui du 15 ème siècle (Mansueti, Carpaccio), à un Orientalisme faisant partie de la réalité, succède un Orientalisme exotique et fantasmé.
L’histoire pour nous ce soir, cessera avec l’abolition de la République de Venise en 1797.
Une très belle soirée pour cette dernière Nuit du Savoir de la saison à l’Institut Culturel Bernard Magrez. Un grand succès pour l’exposition "Rêves de Venise", avec plus de 20.000 visiteurs.

Source : Venise et l’Orient – Institut du Monde Arabe .

Ecrit par Dominique Mirassou


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