« Le Monde d’hier », Stefan Zweig. ... Le tragique suicide de l’Europe

« Le Monde d’hier » de Stefan Zweig, rédigé en 1941, est l’un des plus grands livres, retraçant l’évolution catastrophique et funeste du continent européen entre les deux guerres mondiales. Témoignage selon l’auteur, du « pire système de tous les temps », système destructeur de l’idée intellectuelle, politique et artistique d’une Europe unie.



De 1895 à 1941

Il retrace le destin d’une génération confrontée brutalement à l’Histoire et à toute une série de catastrophes, destin tragique qui rend désormais impossible pour l’auteur, toute espérance quant aux progrès de l’esprit et de la civilisation.

En toile de fond géopolitique omniprésente, la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi et surtout l’Europe des années trente, secouée par une crise économique dramatique brisant toute solidarité entre les nations. La montée du populisme et du nationalisme sur les principales scènes européennes, les reculades diplomatiques des démocraties libérales, la faillite de la démocratie, l’avènement de dictatures suite aux coups de force de l’Allemagne nazie.

Stefan Zweig constate et décrit le glissement progressif des idées vers les extrêmes sociaux et politiques. Extrémisme qui finit par rentrer dans la normalité, mais aussi, racisme le plus décomplexé qui règne dans les sphères étatiques, culturelles et scientifiques des pays les plus développés de notre vieille Europe. Face à la montée du nazisme nous assistons à l’instauration de l’angoisse et de la peur au sein des populations et au suicide de l’Europe.

Une mécanique aveugle

Le nazisme a transformé des hommes banaux en exécutants fidèles, incapables de raisonner et d’analyser la portée de leurs actes. Alors que les mots d’ordre, de crise et de régénération, sans cesse martelés, engendrent l’idée que tous les moyens sont bons pour sortir du marasme et refonder une société durable, les exécutants vont agir en masse, aveuglément, sans se poser de question.

Et l’auteur de constater par ailleurs que les contemporains ne ressentent que rarement les prémices d’une catastrophe qui se profile et n’en tirent donc, le plus souvent, aucune conséquence.

Une fin tragique

Quand il écrit ce livre en 1941, la foi de Stefan Zweig dans le génie de l’homme est plus que chancelante. Cet humaniste, ami entre autres de Romain Rolland, Emile Verhaeren, Sigmund Freud, après avoir exercé son talent dans de multiples genres : poèmes, romans, pièces de théâtre, nouvelles, essais et biographies, va devoir fuir l’Autriche en 1934, se réfugier en Angleterre, puis aux Etats-Unis, et finir tragiquement : en 1942, il se suicide avec sa femme, à Petropolis au Brésil.

Extrait : « Contre ma volonté, j’ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu’atteste la chronique des temps. Jamais une génération n’est tombée comme la nôtre d’une telle élévation spirituelle dans une telle décadence morale. »

Alors que la situation actuelle ne laisse pas d’inquiéter et que la clairvoyance au sein de nos élites dirigeantes ne semble pas des plus évidentes, il apparaît urgent et indispensable que nous soyons collectivement, suffisamment forts, dignes et courageux pour que le monde d’hier décrit par S. Zweig ne redevienne pas réalité.

A lire ou à relire ….

Le Monde d’hier (Souvenirs d’un Européen). Ed. Belfond Stefan Zweig

Ecrit par Dominique Mirassou


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