L’annonce de l’attentat contre Charlie Hebdo est tombée durant la présentation des vœux à la presse de Philippe Madrelle et ce dernier a immédiatement demandé une minute de silence en mémoire des confrères tombés sous les balles des terroristes. A cet instant l’atmosphère déjà chargée d’émotion s’est nettement alourdie.
Cinquante ans de vie politique, c’est le kilométrage enregistré au compteur de Philippe Madrelle depuis sa première élection alors que jeune enseignant il officiait à Ambares. Ce n’est pas sans émotion et sans une pointe de nostalgie qu’il met un terme à cette longue, très longue activité mais il conserve son mandat de sénateur pour l’instant "pour défendre les intérêts de la Gironde". Il a confirmé pour ceux qui pouvaient encore en douter "qu’il descend du ring mais qu’il ne raccroche pas les gants" comme il le dit lui même. Ce n’est pas sans une pointe de tristesse qu’il abandonne la présidence du Conseil Général du plus grand département de la France métropolitaine. Le plus réel hommage qu’un élu puisse lui rendre, vient avec ce commentaire d’un membre de l’opposition qui suggère : "celui là, il faudrait lui payer un mois de vacances à l’étranger pendant la campagne cantonale". Philippe Madrelle aime rappeler qu’il n’a jamais perdu une campagne électorale sur son nom et il entend bien mener la prochaine sur son nom pour le compte de son successeur. Les campagnes électorales il aime ça et il y retrouve toute son âme de militant.
Pour la première fois élu président de Conseil Général à 38 ans en 1976, il sera réélu 11 fois à la tête de l’exécutif départemental. Il a rappelé quelques unes de ses réalisations dont une qui lui tient à cœur avec le fond d’aide aux communes, réalisation que lui avait soufflé François Mitterrand et que ce dernier avait mis en oeuvre dans la Nièvre, comme Maurice Faure dans le Lot. Depuis ces deux départements ont abandonné cette pratique qui perdure en Gironde et qui met tout le monde sur le même pied d’égalité quelle que soit sa couleur politique. Il est aussi très attaché aux Scènes d’Été qui permettent de mettre la culture à la disposition des milieux ruraux. Il a souligné que les Conseils Généraux avaient beaucoup de retard en matière de parité et que la réforme qui porte le nombre de cantons de 66 à 33 pour la Gironde (ndlr : petite curiosité le 33ème département par ordre alphabétique aura 33 cantons) est une réforme qui se comprend mais pour lui et particulièrement avec la crise " le département s’affiche plus que jamais comme un acteur de premier plan pour la solidarité humaine et territoriale"
Il a aussi évoqué son refus de mettre le moindre denier dans le Grand Stade qui ne lui a jamais paru nécessaire et il a rappelé qu’il avait participé au financement du pont Baccalan Bastide alors qu’il n’y était pas tenu. D’autre part il a évoqué la rénovation de trois collèges dans Bordeaux dont Cheverus qui a été entièrement reconstruit, rejetant ainsi toute accusation de ne pas avoir participé au financement de réalisations bordelaises. On s’est ainsi aperçu dans ce discours qu’il n’est pas facile de tourner la page comme il le souligne lui même. Parlementaire depuis 46 ans sans interruption comme député puis comme sénateur, il se souvient de la mise en place de la décentralisation. Président du Conseil Général dès 1976 il a connu l’époque où les Présidents de Conseils Généraux allaient pleurer dans le gilet des préfets pour obtenir une subvention et il a rappelé ce vent de liberté qu’avait fait souffler François Mitterrand et Gaston Defferre sur les départements. Quelque part un testament politique qui s’appuie sur une croyance indéfectible dans le rôle du département qui ne doit pas disparaître, surtout en terme de solidarité.

Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette
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