C’est à l’UGC ciné Cité que Mathieu Kazssovitz est venu présenter son film sur les événements d’Ouvéa d’avril 1988 qui ont suscité un vif émoi dans cette période d’élections présidentielles qui voyait Jacques Chirac affronter François Mitterrand qui briguait un second mandat. Le film sortira le 16 novembre mais il ne sera pas projeter en Nouvelle Calédonie où il semble qu’il soit censuré et ne pourra donc être vu , là où les événements d’Ouvéa se déroulèrent en 1988. L’unique distributeur de l’île a décidé de ne pas diffuser le film ! Mauvaise nouvelle pour la liberté d’expression et pour la réconciliation des communautés, mais qui a intérêt à maintenir les clivages ?
Le film
Synopsis :
Avril 1988, Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.
30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indépendantistes Kanak.
300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l’ordre.
2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue. Mais en pleine période d’élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale...
Une épopée violente et trouble qui marque le retour de Mathieu
Kassovitz devant et derrière la caméra.
à ne pas manquer
Sortie le 16 novembre
Réalisé par Mathieu Kassovitz
Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapacas,
Malik Zidi, Alexandre Steiger,
Daniel Martin, Philippe Torreton,
Sylvie Testud, Steeve Une,
Philippe de Jacquelin Dulphé, Patrick Fierry
Long-métrage français
Genre action , historique , drame
Durée : 2h16min
Année de production : 2010
Face à la salle
- Christophe Rossignon et Mathieu Kassovitz
- photo Bordeaux Gazette - Mireille Rajoely
Pour cette présentation en avant première Mathieu Kassovitz était accompagné par Christophe Rossignon, Producteur du film et c’est la jeune équipe de Pierre Bénar qui a fait la présentation et lancé les premières questions. Il se passe toujours quelque chose dans ces moments très particuliers d’après projection et le sort a voulu que le médecin de la gendarmerie en poste en Nouvelle Calédonie a cette époque la, soit dans la salle. Il a apporté des renseignements non négligeables sur l’ambiance et le déroulé de l’affaire.
Mathieu Kassovitz : "C’est la découverte du livre de Philippe Legorgus et Jean-Michel Caradec’h "La Morale et l’action" paru en 1990 qui décrit toute l’histoire parallèle de celle qui avait été annoncée par le gouvernement qui m’a donné envie de faire ce film".
"En 2001 un ami qui avait vécu à Ouvéa m’a emmené en Nouvelle Calédonie et cela a été ma première approche de travail et c’est avec l’accord des Kanaks qu’on a pu envisager de faire un film sur le sujet."
Christophe Rossignon : "Cela a été la rencontre avec un peuple avec une culture. Pour Mathieu c’est une histoire de 10 ans pour moi un peu moins. En accord avec la communauté Kanak, celle qui a soutenu le film dès le départ nous avons tourné en Polynésie juste à côté, mais tout cela est avant tout un film et une aventure humaine."
Le médecin de la Gendarmerie en poste au moment des événements d’Ouvéa
"Je voudrais remercier Mathieu Kassovitz car les événements ont été retracés avec justesse et cela a été quelque chose de terrible pour la gendarmerie. Il a bien montré la manipulation qu’il y avait derrière tout ça. On a fait croire que ces gendarmes avait été coupés en morceaux à coup de machettes, ce qui a attisé l’animosité de tout le monde. Si cet assaut a été donné c’est à cause de çà et si des gens ont été achevés sur leur brancard c’est qu’on leur avait fait croire que leurs compagnons avait été tué à coup de machette, ce qui était faux, archi faux. D’autre part ce qu’il faut savoir, du reste j’aurai aimé rencontré Mathieu avant qu’il fasse son film, mais on n’a pas pu se rencontrer.
- Pierre Bénar, Christophe Rossignon et la jeune équipe de l’UGC qui entoure Mathieu Kassovitz
- photo Bordeaux Gazette - Mireille Rajoely
Le jour où on est arrivé à Saint Joseph, le jour de l’assaut, il y avait un voilier qui partait et j’ai demandé à voir ce qui se passait sur ce bateau. Quand je me suis retrouvé à la verticale j’ai demandé à être hélitreuillé, le pilote m’a dit "mon colonel désolé mais j’ai reçu l’ordre de ne pas descendre au dessous de 3.500 pieds (1.100 mètres)" et franchement je sais pas ce qu’il y avait sur ce bateau mais certainement quelque chose de "pas très catholique". C’était un contexte politique, ce film m’a bouleversé car j’ai beaucoup d’admiration pour les gendarmes ( les gendarmes sont des militaires et il y a un code d’honneur dans la gendarmerie ndlr) ce sont des types super".
Mathieu Kassovitz : "Merci pour ce témoignage. On a travaillé main dans la main avec des gens qui avaient vécu ça et vous reconnaissez à travers ce film l’histoire que vous avez côtoyé, ce qui est pour nous un gage de travail bien fait. J’ai entendu parlé depuis de cette histoire sous d’autres formes, la question étant : est-ce que cette attaque est venue comme cela où elle a été suggérée ?"
Le médecin : "Quelques jours avant, on est venu chercher dans mon infirmerie 20 housses à cadavres. C’est pas la veille ou le jour même c’est quelques jours avant on m’avait demandé 20 housses à cadavres, c’était quand même prémédité "
Quelques mois après les événements Philippe Legorgus démissionne, car il ne supporte plus l’idée du rôle qu’on lui a fait tenir.

Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette
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