Portets

Était-il, comme il le prétendait volontiers, le plus grand écrivain du XXème siècle ? Etait-il plagiaire, voyou, maître-chanteur, loustic, pervers, alcoolique, drogué, ou tout simplement fou ? Florence Mothe qui l’a bien connu, racontera lors de sa dernière conférence sur "Les aventures d’Anastasie", le 14 juillet prochain à 17 h au château de Mongenan, les aventures picaresques et dramatique qui émaillèrent la vie de ce bouffon des Présidents et le conduisirent probablement à la mort. Sur son cercueil pleurèrent de concert Jean-Louis Debré, Xavier de Roux, Pierre de Boisdeffre, Bernard Pivot, Philippe Sollers. Tous avaient essayé de sauver Jean-Edern de lui-même, aucun n’y était parvenu tant ses outrances, son goût de la provocation poussée à l’extrême, son manque total de mesure et même de bon sens interdisaient à ses amis de lui venir en aide. Des amis, Jean-Edern en eut des milliers, des lecteurs et des admirateurs aussi. Les bordelais se souviendront de sa sortie au Sigma de 1979 où l’auteur de la "Lettre ouverte au colin froid" débarqua dans l’auditorium de France 3, les bras chargés de poisson pas frais et les balança sur le public pour interpeller son "colin froid" alias Valéry Giscard d’Estaing. Jean-Edern ne sut jamais jusqu’où on peut aller trop loin. Dans l’Idiot International, il prôna "la réconciliation entre Doriot et Thorez", il prétendit avoir organisé un attentat chez Françoise Mallet-Joris et chez Régis Debray, il s’acharna sur Bernard Tapie dont il publia le casier judiciaire, il traita Jack Lang de "gay-stapette", affirmant que sous sa direction le Ministère de la Culture était devenu une succursale de la propagandastaffel mitterrandienne, il aspergea Michel Tournier de ketchup, il organisa une conférence de presse devant l’Elysée où il se rendit pieds nus et la corde au cou... Tout cela n’avait aucun sens et était d’un goût détestable. Jack Lang, Bernard Tapie, Christian Bourgois prirent très mal ces provocations incessantes et le firent à juste raison lourdement condamner. Il se disait lui-même "dandy de grand chemin" et eut quelques bonheurs de langage. Ce qui entraîna sa perte fut le combat très injuste et très inégal qu’il entama avec François Mitterrand. Persuadé que c’est à lui et à lui seul que le Président devait le résultat du 10 mai 1981, Jean Edern fit le siège de l’Elysée pour obtenir un poste d’ambassadeur, la direction d’une chaine de télévision et une rente à vie. Toutes propositions évidement impossibles à satisfaire. D’où une haine inextinguible qui ne fit que s’amplifier avec letemps. Dimanche, on en saura un peu plus sur le circonstances de la mort de l’auteur de "l’Evangile du fou". Reste à savoir si la vie du "poivre et
celte" comme l’appelait Bernard Pivot fit du dernier des surréalistes la grande œuvre qu’il n’a jamais écrite.
Renseignements : Château de Mongenan : 05 56 67 18 11
Visite à partir de 14 h.
Conférence à 17 h suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine.
photo Jean-Edern Hallier interviewer par Thierry Ardisson
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