Portets

Ceux qui imaginent qu’il a fallu attendre Santos-Dumont, Lindberg, Mermoz et les autres pour se balader librement dans l’azur se trompent lourdement. La conquête de l’air a commencé sous Louis XVI et ce fut une sévère compétition sportive entre les frères Montgolfier, casse-cous s’il en est et leur concurrent tout aussi intrépide Pilâtre de Rosier. L’homme - malgré ce que prétendait déjà Cyrano de Bergerac- n’aurait jamais pu se promener dans l’espace si un autre cinglé, La Condamine, n’avait rapporté d’Amérique du sud un produit bizarre, étirable, visqueux : le caoutchouc. Car c’est grâce à la sève de l’hévéa que l’homme a pu faire dans le ciel toutes les cabrioles que l’on sait. La conquête de l’air, la découverte des gaz légers, l’héroïsme de ces aviateurs empiriques, ont-ils à ce point impressionné les consciences que le Siècle des Lumières s’est persuadé tout à coup que tout était possible, y compris le bonheur et la république ? C’est probable et c’est même certain. Dimanche 13 janvier à 17 h au château de Mongenan, Florence Mothe racontera ces épopées aériennes qui s’achevèrent dans un champ de Gonesse ou sur la Butte aux Cailles. Mais elle racontera aussi cette conversation si étrange qui, selon Diderot, eut lieu au chevet de son ami d’Alembert entre Melle de Lespinasse et le Docteur Bordeu. Nous avons bien tort de ne pas mieux connaître ce Bordeu qui exista réellement, tout comme d’Alembert et Melle de Lespinasse et qui entretint des rapports intimes avec Bordeaux. Médecin de Mme du Barry, ce praticien avait œuvré auparavant aux Eaux-Bonnes et il était un des précoces théoriciens du thermalisme.
Sa connaissance de la flore pyrénéenne l’avait rapproché de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux où Montesquieu, notamment, avait travaillé sur le même sujet et sur les eaux minérales. A l’époque où l’on parlait déjà de transfusion sanguine et de vaccination contre la petite vérole, Bordeu était un ardent novateur. Sa visite matutinale à son copain d’Alembert encore ensommeillé lui permit d’enseigner Melle de Lespinasse sur tout ce qui était nouveau dans les sciences, trouvant auprès de la célèbre salonnière une oreille incrédule mais fascinée. Diderot tira de cette conversation un étrange et délicieux objet littéraire qui vous sera conté dimanche et vous replongera dans l’atmosphère baroque des cabinets de curiosités et dans l’espoir jamais éteint de la conquête de l’espace.
Renseignements : Château de Mongenan, 05 56 67 18 11
visite à partir de 14 h,
conférence à 17 h,
entrée 10 €, gratuite jusqu’à 12 ans
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