Apocalypse. On ne le dira jamais assez : le nom annonçait déjà la couleur et on aurait tous dû s’en douter. Après les excellents First Class et Days of Future Past, retour sur le troisième film de la prélogie X-Men qui déçoit énormément. Spoilers obligatoires pour aborder certains aspects du film : vous êtes prévenus !
Commençons par un petit pitch pour ceux et celles d’entre vous qui n’auraient pas assisté à la catastrophe de leurs propres yeux : nous sommes en 1983, l’existence des mutants a été révélée il y a 10 ans de cela et quelques idiots décident que ce serait sympa de réveiller Apocalypse pour mettre un peu d’ambiance. Premier de tous les mutants, surpuissant et fan de pyramides, ce dernier décide de recruter parmi ses pairs quatre Cavaliers (de l’Apocalypse… vous l’avez ?) – Magneto, Angel, Psylocke et Storm - afin de détruire le monde avec leur aide. Rien que ça.
LEGO FILM
La destruction du monde paraît être un bon sujet de film catastrophe : X-Men Apocalypse aurait donc logiquement dû en être un. Le principal problème du film réside pourtant dans la façon dont est traitée cette destruction massive ; on regarde le méchant mutant violet et ses potes ruiner Le Caire comme on regarderait les vidéos d’un mec qui passe son smartphone dans un robot mixeur : sans aucune émotion. Quasiment pas de scènes de panique, quelques politiques vaguement inquiets dans leur bunker : le film se focalise presque uniquement sur ses principaux protagonistes et ces derniers semblent étonnamment calmes face au déchaînement de puissance d’un mutant fou.
Ceux qui espéraient se rattraper grâce aux effets spéciaux et aux scènes de baston risquent également d’être déçus tant la mise en scène des combats est peu palpitante, frôlant parfois le ridicule dans l’utilisation abusive de fonds verts. On peut par contre saluer l’esthétique des images hors-combat qui mettent toujours en valeur les protagonistes et les scènes grâces à des plans originaux et à une belle lumière. La « scène Quicksilver » est également très bien réalisée, quoiqu’un peu longue et presque trop volontairement décalée (sérieusement Peter, on sait que tu aimes déconner, mais là des gamins sont au centre d’une explosion et t’as vraiment pas l’air stressé).
ON THE ROAD AGAIN, AGAIN
Pour ce qui est du scénario, il faut avouer qu’on s’ennuie un peu. Après une excellente scène d’introduction en Égypte, la première partie du film est décousue : on sent l’effort qui est fait de nous présenter où en sont chacun des personnages dix ans après les évènements de Future Past, mais il en ressort une impression de lenteur sans fin. On regrette aussi les nombreux clichés au sein des dialogues, assez mauvais si on les compare à ceux des deux premiers films de la prélogie. On retrouve, ici et là, quelques scènes relevant le niveau (dont un magnifique « Who the fuck are you ? » de la part d’Erik) mais les discussions restent globalement sans grand intérêt.
Au niveau des personnages, Magneto commence également à nous courir légèrement sur le haricot. Certes, nul ne peut nier que cet homme a un mauvais karma et une vie déprimante, mais le manque d’évolution du personnage se fait grandement ressentir. Le traitement de l’éternelle opposition Magnéto / Charles est d’ailleurs plutôt lourd, et finit malgré tout comme d’habitude par une bonne poignée de main de « vieil ami », même après le massacre de millions d’habitants au Caire.
BILLIE JEAN IS (NOT ?) MY LOVER
Parlons maintenant de celle qui inquiétait les fans : Jean Grey. Changement d’actrice pour la mutante de classe 5, chef de file de la « jeune génération » X-Men et maintenant jouée par Sophie Turner. Ceux qui avaient peur d’un mauvais jeu de la part de l’actrice vue dans Game of Thrones peuvent se rassurer : tout va bien à ce niveau là. L’actrice ne surjoue pas, réussi à faire passer les émotions et reste crédible malgré un rôle compliqué. On peut reprocher malgré tout l’évolution trop rapide du personnage, qui passe en quelques heures d’une adolescente terrorisée par ses pouvoirs à une badass totale qui marche dans les airs, mais il fallait s’y attendre. Effectivement, lorsque l’on met en scène un mutant aussi puissant qu’Apocalypse, on se retrouve face à un problème de taille : le vaincre. Malheureusement, Bryan Singer se bloque tout seul en décidant que le combat final doit se solder par un déchaînement de puissance contre le super-mutant invincible. Le pouvoir de Jean Grey apparaît alors comme seul moyen de conclure l’histoire, sorte de Deus ex machina un peu maladroit.
Au final, Apocalypse cumule donc le fait d’être un mauvais X-Men au fait d’être globalement un mauvais film. Malgré les fondations solides des deux premiers films de la prélogie, emporté par la volonté d’en faire « toujours plus », ce troisième opus n’arrive pas à construire grand-chose (mis à part une magnifique nouvelle école – qui aurait pu savoir qu’être mutant donnait automatiquement un diplôme d’architecte ?). Bryan Singer avait donc malheureusement raison en ironisant dans son propre film : « De toute façon, le troisième est toujours le plus mauvais ».
Ecrit par Cécile Pennarun