Bordeaux
Le 3 juin 2015, dans le cadre de « Nos Nuits du Savoir » à l’Institut Culturel Bernard Magrez, Alain DUAULT, écrivain, poète, musicologue, Grand Prix de poésie de l’Académie Française en 2002, spécialiste incontestable de l’opéra et de l’art lyrique, nous a invités à explorer l’existence à la fois flamboyante et douloureuse de Maria CALLAS, l’une des plus grandes cantatrices du XXème siècle.
Cecilia, Anna, Sophia, Maria KALOGEROPOULOS naît le 4 décembre 1923 à New York. Sa mère, Evangelia espérait tellement un garçon pour remplacer son fils mort de la typhoïde, quelques mois plus tôt en Grèce, qu’elle refuse de la regarder 4 jours durant.
Maria va ainsi grandir au milieu d’une colonie d’immigrés grecs installés à Long Island entre une mère peu disposée à l’aimer, un père volage, peu présent et une grande sœur Cynthia (rebaptisée Jackie !...) jolie que son père adore et dont la mère est fière. Maria est le vilain petit canard : grosse et myope ce qui l’oblige à porter des verres épais.
Heureusement, il y a la radio qui retransmet les opéras du Metropolitan : Maria les répète du matin au soir avec une voix et une telle assurance que sa mère se dit un jour qu’il y a peut-être quelque chose à tirer de sa fille. Elle saisit le prétexte de lui faire suivre des cours de chant pour se séparer de son mari et retourner au pays. En mars 1937, Evangelia et Maria débarquent du Saturnia dans le port de Patras.
Au Conservatoire d’Athènes, elle fait la première rencontre qui va bouleverser sa vie, celle d’Elvira HIDALGO. Celle-ci entend Maria et décide de la faire travailler gratuitement, devinant qu’il y a une voix et un tempérament exceptionnels dans ce corps bouffi.
A 18 ans, Maria remplace la cantatrice malade qui devait chanter La Tosca de Puccini sur la scène de l’opéra d’Athènes : le 4 juillet 1941, elle connait son premier succès.
En 1945, elle décide de repartir aux Etats-Unis où elle rejoint son père qui a changé son nom et est devenu Mr CALLAS. Toutes ses tentatives pour se faire engager dans une production échouent mais, lors d’une audition, elle rencontre le chef d’orchestre italien Tulio SERAFIN qui l’engage pour chanter La Gioconda de Ponchielli, le 6 août 1947, dans les arènes de Vérone.
Sous la direction de Serafin, elle chantera dans Tristan et Iseult et la Walkyrie de Wagner et apprendra en six jours seulement le rôle d’Elvira pour remplacer au pied levé Margherita Carosio dans les Puritains de Bellini à la Fenice de Venise.
C’est le moment clé de sa carrière, la reconnaissance unanime par la critique et son orientation définitive vers le bel canto et le répertoire italien auquel elle insuffle une énergie nouvelle.
C’est aussi à cette époque qu’elle rencontre son mari et impresario, Giovanni Battista MENEGHINI qui gérera sa carrière pendant les dix années les plus fructueuses de sa vie.
Maria Callas est applaudie par le monde entier, notamment à la Scala de Milan mais aussi au Covent Garden de Londres et au Metropolitan Opera de de New York. Elle y joue ses plus grands rôles dont Norma de Bellini, son rôle fétiche qu’elle interprétera 88 fois.
Maria Callas change aussi d’image, notamment sous l’influence de Luchino VISCONTI, aristocrate et esthète auquel elle veut plaire. Elle entame une cure d’amaigrissement radicale et se transforme en une icône d’élégance. Elle prend sa revanche de petite fille complexée pour devenir une diva qui a le monde à ses pieds.
Sa rencontre en septembre 1957, lors d’un bal à l’hôtel Danieli de Venise, avec l’armateur grec Aristote ONASSIS marque le début d’une relation amoureuse tumultueuse qui finit par l’éloigner de la scène. Entre 1960 et 1965, elle n’apparait que dans quelques rares productions à Paris, New York et Londres où, en 1965, elle fait sa dernière apparition scénique au Covent Garden dans Tosca de Puccini. Puis, elle essaie de se convertir dans l’enseignement mais sans grand résultat.
Trahie par Onassis qui épouse Jackie KENNEDY en octobre 1968 sur l’île de Skorpios qu’il lui avait offerte quelques années auparavant, elle passe ses dernières années dans la solitude. En mars 1975, on lui interdit de voir Onassis qui se meurt à l’hôpital américain de Neuilly. En mars 1976, Luchino Visconti disparait à son tour.
Le 16 septembre 1977, Maria Callas meurt à son domicile parisien, avenue Georges Mandel : elle avait 53 ans !
Mille merci à Alain Duault qui a fait avec un grand talent revivre Maria Callas tant au travers de ses succès sur les plus grandes scènes du monde que des tourments de sa vie amoureuse. et a choisi 3 morceaux emblématiques de son répertoire qui nous ont permis d’écouter sa voix reconnaissable entre toutes, douée d’une puissance tragique et d’une force de concentration ardente : La Gioconda – Casta Diva et Vissi d’arte, vissi d’amore ( j’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour !...)
Pour prolonger cette intimité avec Maria Callas, je ne peux que vous inciter à lire le récit émouvant en forme de journal imaginaire des deux dernières semaines de la diva qu’a publié Alain Duault aux éditions « Le Passeur ».

Ecrit par MF. Mirassou
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