« Nouvelle Aquitaine », un choix exemplaire pour Anne-Marie Cocula et Alain Rousset.

« Nouvelle Aquitaine ». Ce nom n’est pas neutre explique Antoine Lebègue l’auteur de l’Histoire des Aquitains. Il marque à la fois la volonté d’affirmer l’identité profonde de la région, dont le particularisme a longtemps dérangé le pouvoir central, tout en l’ouvrant sur l’avenir.



Le choix d’un nom n’est jamais neutre, qu’il s’agisse d’une personne, d’une entreprise ou d’une région. Certains feront remarquer que je ne suis pas entièrement objectif : Je suis historien comme Anne-Marie Cocula, qui a d’ailleurs participé au guide bleu Aquitaine que j’ai coordonné ; et j’ai toujours entretenu de bons rapports avec Alain Rousset. Mais je pense être honnête en affirmant qu’ils ont fait du bon travail en proposant « nouvelle Aquitaine » comme nom pour la région, un nom qui doit encore être validé par le Conseil régional le 27 juin.
Il fallait en effet du courage pour donner un nom chargé d’histoire et de sens comme l’Aquitaine à une époque où certains maires n’hésitent pas à débaptiser des quartiers historiques pour leur donner des noms tout droit sortis de catalogues d’agents immobiliers, où l’Administration tripatouille les cantons pour créer des fiefs électoraux, où l’on crée des CDC (communautés de communes) à cheval sur des fleuves et rivières qui constituent en fait des barrières.

Limoges

L’Aquitaine, en effet n’est pas une région comme les autres. D’abord parce qu’au temps des Gaulois elle n’appartenait pas à la Gaule, comme le notaient tous les auteurs grecs et romains. Ensuite parce qu’au Moyen Âge, comme la Bretagne, elle constituait un duché indépendant sous la suzeraineté du roi de France. Comme la Bretagne ? Pas tout-à-fait, car après la victoire du Prince Noir à Poitiers la monarchie française a reconnu par le traité de Brétigny-Calais l’indépendance totale du duché d’Aquitaine, qui était lié par une union dynastique avec le royaume d’Angleterre. Et toujours sous le Prince Noir ce fut une armée sous les couleurs de la principauté d’Aquitaine qui remporta en Castille l’importante victoire de Najera, bataille dont on célébrera le 650e anniversaire l’an prochain.
Bien d’autres aspects mériteraient d’être évoqués, du rôle du particularisme aquitain dans la dislocation de l’Empire carolingien aux Girondins et au projet de royaume d’Aquitaine de 1799. L’important est de noter la peur que suscite le nom d’Aquitaine, comme en témoigne la disparition de la région, remplacée par les provinces de Guyenne et Gascogne, sous la monarchie et le mythe de « l’occupation anglaise » (voir à ce sujet Le Prince Noir et sa légende pp 206 209).

L’Hermione à Bordeaux

Dans tous les milieux, y compris en Aquitaine et à Bordeaux, des gens auraient vu sans déplaisir disparaître le terme d’Aquitaine à l’occasion création de la nouvelle région. Ce ne fut pas le cas d’Anne-Marie Cocula et d’Alain Rousset qui ont été exemplaires dans leur démarche : Alain Rousset, en confiant le dossier à Anne-Marie Cocula, une universitaire dont il connaît la rigueur ; Anne-Marie Cocula d’abord en consultant largement les habitants des trois régions pour savoir quel terme correspondait à leur attente ; ensuite en évitant de tomber dans le piège d’une expression trop tournée vers le passé, du type « Aquitaine d’Aliénor » ou « Aquitania ». Au contraire, à mon avis, « Nouvelle Aquitaine » ouvre la région sur l’avenir tout en affirmant son identité.

Ecrit par Antoine Lebegue


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