Bordeaux

La Maison d’Ella, un refuge pour les femmes victimes de violences

Ouverte depuis maintenant deux ans, la Maison d’Ella accueille et prend en charge gratuitement des femmes victimes de violences. Toutes les femmes, de tous les âges et tous les milieux, sont les bienvenues pour y être soignées. Reportage dans ce lieu indispensable à Bordeaux.



Ecouter et aider
Un espace pour être écoutée et aidée. Ouverte début février 2019, la maison d’Ella est un lieu de prise en charge, gratuit et confidentiel, des femmes victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, et de leur suivi post-traumatique. Des femmes de tous les milieux sociaux et de tous les âges s’y rendent, pour être écoutées, soignées et redirigées s’il le faut vers les infrastructures nécessaires. En 2019, 207 femmes y ont été prises en charge.
L’équipe est composée d’une quinzaine de professionnels spécialisés dans la santé ou les questions sociales. Y travaillent donc notamment des éducatrices spécialisées, des conseillères conjugales, des psychologues, une psychiatre, une gynécologue, des assistantes sociales, une socio-esthéticienne ou encore une ostéopathe. Des bénévoles, professionnels en activité, ou à la retraite se rendent aussi disponibles sur place. La Maison d’Ella est une annexe du CACIS (Centre d’Accueil Consultation Information Sexualité), situé aussi à Bordeaux. Elle travaille aussi en partenariat avec le Planning Familial. Le projet a en partie été financé par l’ARS (Agence Régionale de la Santé) Nouvelle Aquitaine, le Conseil Départemental de la Gironde, ou encore le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine.

Proposer un lieu d’accueil unique
Muriel est éducatrice spécialisée de formation, au CACIS. Elle est aussi conseillère conjugale et familiale, et thérapeuthe familiale. Elle s’est formée aux techniques de prise en charge de victimes de psychotraumas. Elle a participé à la création du projet et y travaille depuis son ouverture.
La Maison d’Ella a été créée suite à un constat au sein du CACIS, par rapport à la prise en charge des femmes victimes de violences”, explique-t-elle. “Quand on recevait des femmes victimes de violences au CACIS, ce n’était pas notre mission que de les prendre en charge. Mais ne serait-ce que pour les orienter, on était confrontés au problème de rupture de parcours, parce qu’il n’y avait pas de prise en charge dans un lieu unique. On est partis de cette idée-là, de proposer un accueil pluridisciplinaire dans un même endroit” précise-t’elle

“Accompagner les femmes par rapport à leur expérience de la violence”
Tous les lundis matins sont organisés à la Maison d’Ella des groupes de parole, pour les “femmes venues d’ailleurs”, demandeuses d’asiles et dont certaines encore en situation irrégulière. Une vingtaine de femmes y viennent régulièrement, quand elles le souhaitent : leur présence n’est pas obligatoire. Ivy, 45 ans, psychologue et docteure en psychologie, est bénévole à la maison d’Ella depuis un an. Elle anime ce groupe de parole, avec deux collègues, à tour de rôle. “Je travaille sur les questions interculturelles depuis 20 ans, j’écris des livres et des articles sur ces questions", explique-t-elle. “Ma mission c’est d’animer ce groupe de parole, et faire en sorte que cette parole soit partagée. L’idée c’est de promouvoir la santé mentale des femmes, de les accompagner par rapport à leur expérience de la violence”. Un autre groupe de parole est organisé le soir, pour les victimes de psychotraumas.

Une situation qui s’aggrave face à la pandémie
Pendant le confinement, une maintenance téléphonique a été mise en place. “J’ai eu beaucoup moins d’appels que la normale, puisque les femmes ne pouvaient plus téléphoner tranquillement, ne se trouvaient plus à un seul moment seules”, affirme Muriel. “Par contre j’ai eu beaucoup d’appels à l’aide de femmes dont la rupture s’est organisée avant le confinement. Ce qui a fait qu’une cohabitation délétère dès le départ s’est faite de force”.
Le projet a en partie été financé par l’ARS (Agence Régionale de la Santé) Nouvelle Aquitaine, le Conseil Départemental de la Gironde, ou encore le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine. Des subventions qui pourraient bientôt être vues à la baisse. “Il y aura une baisse des aides, je pense", regrette Muriel. “Alors qu’on a maintenu tous nos rendez- vous, et les suivis en visio. Moi je me suis même adaptée. Comme les femmes étaient confinées avec leurs enfants, elles ne pouvaient pas parler en journée. J’ai calé des rendez- vous le soir après 21 heures quand les enfants étaient couchés”.

“On ne peut pas être tranquille quand on sait certaines personnes en danger”
“On en ramène à la maison, c’est sûr”, affirme Muriel. “C’est évident qu’on ne peut pas être tranquille quand on sait certaines personnes en danger. Ça fait partie de ce travail, et il faut faire avec. On vit comme elles une très grande injustice quand leur situation n’est pas prise en compte par la justice, quand on classe une affaire faute de preuves. Elles ne sont pas reconnues comme victimes, ce qui serait la base de notre travail”. Un avis que partagent Paloma et Alice, psychologues à la maison d’Ella. “Le plus difficile pour moi c’est la non prise en compte des victimes au niveau de la justice”, affirme Alice. “Ce sont des procédures qui sont longues. Donc quand on avance dans la thérapie, il suffit qu’il y ait un appel ou un mail de l’avocate pour les faire complètement replonger dans toutes ces violences qu’elles ont vécues”, renchérit Paloma.
Les signalements pour violence conjugales ont augmenté de 40% pendant le premier confinement, et de 60% pendant le deuxième selon la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa. En 2020, 90 féminicides ont été recensés en France, selon le ministère de la Justice.

La Maison d’Ella
381 Boulevard du Président Wilson
33200 Bordeaux
05 57 09 25 77 / 06 31 05 85 78
Permanence d’accueil le lundi de 9h à 12h, le mardi de 9h à 13h et de 14h à 17h, le
jeudi de 14h à 17h et toute la semaine sur rendez-vous.

Ecrit par Manon Gazin


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