Bordeaux
Quarante-sept ans exactement diront les puristes puisque c’est en Mars 1968 que l’association « l’Oeil » a été créée à partir d’un noyau de copains, d’étudiants et d’artistes refaisant le monde au sein du 17-24 non loin de la rue de Cheverus et du siège du journal Sud-ouest. Le célèbre journaliste chroniqueur Jean-Claude Guillebaud faisait partie de la bande …
Jean-Pierre Terracol
Bergeracois arrivé à Bordeaux en 1964, Jean-Pierre Terracol va, parallèlement à son activité artistique, faire une carrière de directeur de la communication chez Sanofi. Artiste mais néanmoins gestionnaire, j’avais besoin de sécurité, je n’étais pas désireux d’être artiste à plein temps me dira-t-il. Gonflé à bloc, avec quelques amis désireux de révolutionner la culture à Bordeaux, c’est dans le quartier de la gare qu’il fondera le club artistique « l’Oeil », en référence à Jean-Louis Barrault dont il avait fait la connaissance lors d’un spectacle monté à Paris et qui disait toujours : « Le comédien c’est le regard ».
Pour la petite histoire, ajoutons que Jean-Pierre Terracol fut inspiré par une mère sportive et un père atypique qui créait des spectacles destinés aux cheminots dans une salle municipale de Belcier : « Je le voyais passer en tutu ou en Zavatta, je voulais montrer à mes parents que je pouvais exister … » L’hyper timide à l’âme vagabonde allait très vite passer à l’action.
De l’œil à la Lucarne
Depuis sa création en 1968 dans le quartier de la Gare, l’association « l’Oeil » va connaître un parcours mouvementé dans tous les sens du terme. Un premier déménagement rue des Bahutiers où lors de soirées cabaret se produiront poètes, comédiens et chanteurs à texte, puis, dans les années 80, l’installation de « l’Oeil » aux entrepôts Lainé. Installation facilitée par le Maire Jacques Chaban-Delmas et son épouse Micheline, en quête de « locomotives ». C’est à cette époque qu’en travaillant avec le petit Atelier sera créée la Lucarne, suite à l’installation de petites télés dans la salle, une belle période pour l’association avec notamment la création de la première nuit du Théâtre en 1987 où se produira un jeune étudiant en la personne de Pierre Palmade.
Le CAPC, sous la direction de Jean-Louis Froment, va dans les années 1990 reprendre tout l’espace des entrepôts et la Lucarne va se retrouver une nouvelle fois sans domicile avant de trouver grâce à Alain Chaniot des locaux dans le quartier Saint-Michel nécessitant beaucoup de travaux, mais au loyer abordable. Tous les adhérents se mirent au travail, quatre mois plus tard les lieux pouvaient s’ouvrir au public.
Actuellement en rénovation depuis février 2014, les lieux devraient fonctionner de nouveau aux alentours d’octobre 2015. Entre-temps comme nous le confie Jean-Pierre Terracol nous nous partageons entre théâtre d’appartement et séances dans les lieux qui veulent bien nous accueillir….
Le credo de l’association
Si tout au long de ces années, le théâtre a proposé une centaine de représentations par saison et reçu environ trois mille personnes chaque année, l’association est aussi une société d’éducation populaire qui a régulièrement reçu, lors d’ateliers de théâtre hebdomadaires, une vingtaine d’élèves de tous âges. Pour « l’Oeil la Lucarne », la formation et la représentation sont deux choses indissociables, de nombreux comédiens professionnels sont d’ailleurs passés par la compagnie. Avec entre 3000 et 4000 adhérents l’association compte bien continuer de fonctionner comme un lieu de rencontres et de partage de connaissances, pour les amateurs d’un art vivant.
Tout cela dans un quartier multiculturel auquel Jean-Pierre Terracol est très attaché, et de rajouter que « l’on ne passera jamais Saint-Michel à l’eau de javel car ce serait une grave erreur, d’autant que les bordelais tiennent à cette mixité ». Et de poursuivre que les saltimbanques qui souffrent eux aussi gravement du marasme économique ont un rôle important à jouer, tant au niveau de la culture que du lien social.
Bienveillant, enthousiaste, passionné, tel m’est apparu le « toujours jeune » et plein de projets Jean-Pierre Terracol, soucieux également d’harmonie, de lien social et surtout d’éducation par la culture et l’art. Nous ne pouvons qu’encourager vivement à persévérer, le précieux « passeur de lumière » qu’il s’acharne à être avec un bonheur certain, depuis bientôt un demi-siècle.

Ecrit par Dominique Mirassou
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