Bordeaux

Un petit retour en arrière d’environ 150 ans nous permet de découvrir une société bordelaise aux mœurs légères, et la condamnation à la misère et à la difficile survie pour de nombreux enfants. Au XIXème siècle, les naissances illégitimes ont été pour toutes les agglomérations urbaines françaises un phénomène important et notoire. Bordeaux détient d’ailleurs dans ce domaine un record pour l’époque.




Les chiffres

Alors que les plus riches familles bordelaises ont en général de nombreux enfants et constituent de véritables dynasties négociantes, leur souci de pérennité l’emportant de beaucoup sur le risque d’un éparpillement du patrimoine. Au début des années 1840, il y avait cependant à Bordeaux 35% de naissances illégitimes, contre 32% à Paris qui venait au second rang, 30% à Lyon, 23% à Toulouse et 14% à Marseille. Au début du XXème siècle Bordeaux était toujours en tête de ce classement devant Paris, Lyon et Toulouse.
Comment expliquer cette singulière performance ?

Les explications

Nous constatons d’abord que beaucoup de naissances illégitimes sont imputables à des non Bordelaises, venues en ville accoucher dans l’anonymat, et même souvent se débarrasser de leur fâcheux fardeau. Le développement des institutions hospitalières et charitables bordelaises favorisant tout à fait cette pratique, la ville devient dans ce domaine un véritable refuge. Les historiens constatent aussi qu’à Bordeaux, ville qui n’est pas des plus profondément chrétiennes, l’union libre est plus répandue qu’ailleurs, bien que le taux de nuptialité bordelais soit lui aussi l’un des plus élevés de France.
Une autre spécificité est peut-être plus déterminante : dans une ville peu industrielle, l’emploi féminin est surtout domestique, et les domestiques soumises d’une part à un véritable célibat de fonction, se trouvent exposées à des risques spécifiques malheureusement assez fréquents …

Henri de Toulouse Lautrec Femme assise sur un divan, 1883, Toile, 55 x 46 cmLes conséquences

Entre 1822 et 1826, 60% des enfants abandonnés, qui sont dans leur immense majorité des enfants illégitimes, meurent avant l’âge de 12 ans. Un siècle auparavant on ne trouvait que 10% de survivants à 20 ans. La minorité qui en réchappe est vouée à la misère.
Les historiens nous disent que ces éléments d’explication ne sont sans aucun doute pas suffisants, et qu’il ne faut pas exclure l’hypothèse de mœurs bordelaises plus légères que d’autres, pourquoi pas ?
Autres temps, autres appellations, aujourd’hui on ne parle plus d’enfants illégitimes, mais de N.H.M. (naissances hors mariage) dont le taux a sensiblement baissé par rapport au XIXème siècle, et pour lesquelles le sort des enfants n’est heureusement plus celui de leurs prédécesseurs.
Morceau choisi : « L’enfant était d’ordinaire abandonné par sa mère à la sage-femme, qui jusqu’en 1862, allait le déposer dans le « tour » placé à la porte de l’hospice des Enfants trouvés. Le bébé passait quelques semaines dans cet établissement, placé en Paludate, sur un terrain inondable, et des plus malsains. S’il en réchappait, une « meneuse » le prenait en charge pour le confier à une nourrice. Cette mise en nourrice se faisait dans le Blayais au début du XIXème siècle, puis, vers le milieu du siècle, dans le Ribéracois ».

Sources : Histoire de Bordeaux
Lerat, Etienne, Higounet, Poussou, Butel, Guillaume.

Ecrit par Dominique Mirassou


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