La Charlotte a tenu sur les étals jusqu’à fin novembre et dès la mi mars voire le début de ce même mois la Gariguette a fait son apparition. Les fraises ne viennent pas que d’Espagne, car la Dordogne s’est faite une spécialité dans la culture de la fraise et on peut manger des fruits bien français, souvent de meilleure qualité, présentant un meilleur bilan carbone.



La fraise est un fruit particulièrement agréable et gouteux et à deux pas de la Gironde elles sont cultivées en grandes quantités. Les fraises ont non seulement un goût très agréable mais elles présentent aussi un très fort pouvoir antioxydant. Selon des études récentes, elles protégeraient contre le cancer et les maladies chroniques ainsi que des maladies cardio-vasculaires voire même de la maladie d’Alhzeimer. Les variétés les plus répandues sont outre la Gariguette la plus précoce, la Cléry, la Charlotte, la Mara des Bois et bien d’autres car on en répertorie près de 600 variétés. La Gariguette variété française, création de l’Inra d’Avignon est une variété précoce qui est donnée comme produisant dès le mois de mai alors comment se fait-il que les fraises aujourd’hui soient aussi précoces pour les voir de retour dès le début mars. Nous avons posé la question à un fraisiculteur de Prigonrieux qui est un habitué des Capucins le samedi matin et du marché du Bouscat le dimanche matin.
Martial Echauzier
Martial Echauzier dit volontiers que la fraise "il est né dedans" et que dès qu’il a eu son permis de conduire au volant de l’estafette Renault il a pris le chemin des marchés et de la livraison mais aujord’hui il ne travaille plus seul car avec deux collègues, ensemble ils ont créé Les Saveurs Prigontines ou chacun s’est spécialisé sur un secteur de la marche de l’entreprise agricole permettant ainsi de trouver des temps de vie car l’agriculture est exigeante avec ceux qui la pratique. Les agriculteurs ont toujours opéré la solidarité comme le fait remarquer Martial, aujourd’hui les fraisiculteurs ne peuvent plus être seuls face aux exigences d’une exploitation et c’est en s’appuyant sur cette idée des solidarités qu’est née une entreprise solide. Depuis 10 ans la production de fraises en Dordogne dont Vergt a longtems été la capitale a traversé une crise avec les départs à la retraite sans reprises, l’évolution de la profession et des techniques de culture et ils ont apporté une réponse à ce déclin. Actuellement avec de nouvelles structurations la production repart entre groupements de producteurs et associations de producteurs et au delà du partage de matériel, partage des salariés d’une entreprise à l’autre.
Le fils du producteur est aussi consommateur
Les techniques aidant, les cultures de plein champ sous tunnel et double tunnels que l’on peut chauffer tout en permettant une ventilation correcte font qu’aujourd’hui avec aussi la pratique de la culture hors sol, les fraises autochtones rivalisent en précocité avec les variétés méridionales de l’Espagne et de l’Italie. Pourquoi la culture hors sol s’est développée en appui avec la culture sol, tout simplement pour résoudre des problèmes de prédateurs, de qualité sanitaire et jusqu’en 1987 on utilisait le bromure de méthyl pour stéréliser les sols mais son emploi répété entrainait une stérilisation profonde du substrat et tuait le sol le rendant improductif. Aujord’hui la législation impose en France de n’utiliser ce produit qu’à dose pratiquement homéopatique ce qui n’est pas le cas au Maroc et en Israël ou le produit est massivement utilisé. Les fraisiculteurs sont conscient et velent préserver la qualité de l’environnement. On ne peut pas stéréliser par trop les sols comme on a pu s’en apercevoir dans la viticulture ou on est revenu à l’enherbement. La culture de la fraise nécessite donc beaucoup de vigileance et d’attention car les goûts des consommateurs évoluent pour ne pas dire changent.
En 1976 au début de l'exploitation des fraises
Les pépinièristes travaillent sur des croisements pour mettre en place des nouvelles variétés, mais cela leur demande de 8 à 10 ans pour la mise au point d’un nouveau fruit. D’après notre interlocuteur des choses "très sympa" sont en gestation car il a eu l’occasion de faire des tests. Il faut souligner aussi que pour le fraisiculteur la terre doit être en jachère pendant 7 à 8 ans avant de la remettre en production pour une durée limitée et ce, pour ne pas épuiser les sols et les régénérer. Depuis quelques temps le fraisiculteur à un ennemi supplémentaire avec la mouche suzukii (drosophila suzukii) qui envahit l’Europe depuis 2011 et qui s’attaque aussi aux cerises et aux raisins rouges. Elle s’attaque aux fruits près à être cueillis, donc elle s’attaque aux fraises au printemps et tout au long de la période de production, puis aux autres fruits dans l’évolution des saisons a tel point qu’en Suisse on prend le problème très au sérieux car elle occasionne de très gros dégâts. On avait et on a déjà la flavescence dorée, maintenant avec le frelon asiatique, le moustique tigre et la mouche Suzukii, merci la mondialisation. La fonction essentielle de Martial dans l’entreprise c’est la fonction commerciale même s’il continue à s’intéresser aux variétés nouvelles, à la production, à la gestion, à la maintenance de l’entreprise. Ainsi en se groupant et en partageant les rôles les agriculteurs sur certaines productions, pourront peut être demain s’offrir une vie nouvelle plus attrayante.

Ecrit par Bernard Lamarque

Co-fondateur de Bordeaux Gazette


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