Le 26 février 1790, la province de Guyenne est divisée en six départements et le Conseil départemental de la Gironde prend possession du palais Rohan. La Jurade tient sa dernière séance, le Parlement de Bordeaux est supprimé.
L’ « Esprit Girondin »
L’Assemblée nationale supprime la gabelle et le péage, les corporations, les titres de noblesse, le droit d’ainesse. Elle proclame l’égalité devant la loi et l’impôt, la liberté de la presse et de culte. Elle uniformise les poids et mesures et remplace le drapeau blanc fleurdelisé par le drapeau tricolore. Elle décrète la mise en vente des biens du clergé.
A Bordeaux, ville sous l’influence de loges anglaises, les idées nouvelles, propagées par les philosophes et notamment Montesquieu sont assez largement adoptées, dans les clubs de la ville, un « esprit girondin » se développe.
L’élection des nouveaux députés
L’Assemblée Nationale vote la Constitution le 3 septembre 1791 et décrète l’élection au suffrage censitaire indirect de nouveaux députés. C’est ainsi que des hommes de talent, Vergniaud, Gensonné, Guadet, Grangeneuve, Boyer-Fonfrède, Ducos, Barennes, Journu-Aubert, jeunes députés girondins ainsi élus vont jouer un rôle déterminant et devenir les promoteurs d’une « République symbole d’un idéal de bonheur et de fraternité ».
La situation de la France se dégrade
La situation économique de la France se dégrade, entrainant de nombreuses émeutes encouragées par des prêtres réfractaires ou des châtelains dépossédés. Les Girondins majoritaires à l’Assemblée votent la déclaration de guerre à l’empereur d’Autriche François II, soutenu par la Prusse. Il faut prendre les armes pour sauver « la patrie en danger ». Après la surprenante retraite des Prussiens à Valmy, alors que le roi est enfermé au Palais du Luxembourg, la plupart des députés réélus rejoignent le groupe des Girondins.
A Bordeaux, lorsqu’on apprend la prise du palais des Tuileries, le corps municipal ordonne la destruction de la statue de Louis XV, trônant au centre de la Place Royale (aujourd’hui place de la Bourse). A Paris, l’avocat Bordelais Raymond de Sèze ne peut empêcher la condamnation à mort de Louis XVI.
Girondins et Montagnards - La lutte pour le pouvoir
Entre Girondins au pouvoir et Montagnards, (appelés ainsi parce qu’ils siègent sur les bancs du haut de l’Assemblée) la lutte pour le pouvoir fait rage. Les Montagnards reprochent aux Girondins de soutenir une aristocratie de l’argent, Robespierre prête aux Girondins le projet de se séparer de la France et de s’unir à l’Angleterre. La Montagne accuse les Girondins de mollesse et de fédéralisme, d’oubli des intérêts de la France au profit de leur département.
La Répression et l’exécution des Girondins
Les 30 et 31 Mai 1793, Robespierre exige l’arrestation des Girondins, amenant le député girondin Vergniaud à lancer un appel au secours :
« Hommes de la Gironde, levez-vous, il n’y a plus un moment à perdre, puisque la capitale veut dominer, il faut s’en séparer et créer des états particuliers ».
- Le dernier banquet des Girondins
Le 2 juin 1793, le maire de Bordeaux François-Armand Saige adresse un vif message à l’Assemblée qui vient de mettre 31 députés girondins en accusation et laisse entendre que « si l’on touche aux représentants de la Gironde, les Bordelais s’élanceront sur Paris ».
Quatre-vingt mille sans culottes révolutionnaires de la Commune de Paris, semble-t-il « bien conditionnés », assiègent l’Assemblée et réclament l’arrestation des députés girondins.
Les députés bannis lèvent une petite armée, marchent sur Paris mais sont arrêtés à Pacy-sur-Eure. Dès lors, tout citoyen favorable aux idées des Girondins devient un « traître à la patrie », dès les premiers jours de la « Terreur », le maire de Bordeaux, François-Armand Saige, suspecté d’incivisme, est guillotiné et tous ses biens saisis.
Le 10 brumaire an II (31 octobre 1793) 21 députés girondins dont Jean-François Ducos, Pierre-Victurien Vergniaud, Armand Gensonné, Jacques Lacaze, Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède répartis dans cinq charrettes sont conduits au pied de l’échafaud parisien.
Ils meurent en chantant « la Marseillaise » et en criant « Vive la République ».
Par mesure de répression, le département de la Gironde est renommé département du Bec d’Ambès.
Signalons au passage aux néo-bordelais, que conformément à de multiples épisodes de révolte au cours de son histoire, l’idée communément répandue selon laquelle la ville de Bordeaux aurait tendance à l’endormissement est tout à fait fausse. Le sacrifice des députés girondins en est un des plus importants témoignages.
A croire cependant que le progressisme modéré qui sied si bien à notre ville, ne conviendra jamais à la France.
Outre l’imposante colonne des Girondins qui leur rend hommage, monument cher aux bordelais, de nombreuses rues dans le quartier du jardin-public portent les noms de ces fameux députés.
( Source : Les dossiers d’Aquitaine )

Ecrit par Dominique Mirassou
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