Portets
Qui en douterai ? Les nazis avaient naturellement aussi des prétentions culturelles. Comme ils voulaient apurer les races, ils souhaitaient extirper de l’art tous les miasmes des dégénérés. Non seulement dans le domaine littéraire où ‘on pourrait à la rigueur comprendre que l’on cherche à faire taire ses détracteurs, mais aussi dans la musique et les arts plastiques dont les œuvres des artistes qualifiés de « dégénérés » étaient impitoyablement prohibées. Rétrospectivement, la liste des artistes « dégénérés » est à proprement parler effrayante. On y retrouve tous les plus grands créateurs du XX° siècle. Naturellement, en musique Schoenberg en prend pour son grade, Mahler également. Mais le pompon revient à la peinture. Les nazis bannissent des musées et des galeries Bellmer, Chagall, Kandinsky, Kokoschka, Max Ernst, Munch, Picasso. Sont également bannis tous les cubistes, tous les impressionnistes, tous les fauves, tous les peintres abstraits. Au cours de cette extravagante épuration, les œuvres sont ôtées des musées pour être détruites. Il est vrai que sur les 21000 tableaux décrochés des musées, certains furent détruits. Mais les nazis ne sont pas si bêtes que cela. 8500 sont vendus, via la Suisse à des collectionneurs. 12 500 sont confisqués à des particuliers et à des marchands d’art juifs. La famille Rosenberg ne retrouvera une partie de ses collections qu’en 2014, car si une comptabilité scrupuleuse est tenue, beaucoup de dignes conservateurs d’après-guerre estiment que ces tableaux sont mieux dans leurs musées que rendus à leurs légitimes propriétaires. Et puis, il y a tous les tableaux qui sont volés par Goering et ses émules, parfois conservés dans leurs appartements, parfois dissimulés on ne sait où, puits de mine, tunnels, hangars. C’est ainsi qu’entre 1938 et 1941, 1400 tableaux et sculptures se feront la malle, sans espoir de retour. Ce vaste naufrage, opéré malgré quelques rares oppositions de quelques non moins rares conservateurs héroïques, fera l’objet de la conférence que Florence Mothe donnera dimanche 10 décembre à 17 h au château de Mongenan, à Portets. Il s’agira de l’avant dernière séance consacrée à l’art des Années folles, la dernière donnée le dimanche suivant traitera des artistes condamnés à la double peine : l’exil et l’interdiction.
En janvier, il sera question d’une autre quête, tout aussi passionnante, celle que mènent depuis des siècles chercheurs et théologiens qui cherchent à savoir ce qui s’est vraiment passé au temps de la Bible et dans les premiers siècles du christianisme et se penchant sur le sujet toujours controversé de la véracité des Evangiles apocryphes.
Renseignements : château de Mongenan, Portets, 05 56 67 18 11.
Entrée 10 €, visite à partir de 14 h , conférence suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine.