Portets

Quelles sont les plus grandes tragédies du répertoire français ? Phèdre, sans doute, Le Cid ? Ou encore, plus récemment La Reine Morte. Dès que Montherlant eut achevé cette pièce créée par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, la critique salua un chef d’œuvre. C’en était un en effet, sans un mot de trop, avec des répliques dont on se souvient comme des alexandrins appris à l’école et longuement commentés dans les dissertations. Montherlant dont on ne peut pas dire que l’amour qu’il portait aux femmes lui fit jamais perdre la tête, a cependant trouvé les mots pour raconter cette histoire déchirante et tordant quelque peu le bras à la vérité historique. Ferrante, Roi du Portugal, veut que son fils Pedro épouse l’infante de Navarre pour sceller une alliance politique contre la Castille. Mais il ignore que son fils s’est secrètement marié à Ines qui attend un enfant de lui. Il ne peut donc épouser l’infante, ni avouer les raisons de son refus. Son père le fera arrêter avant de découvrir la vérité qui le poussera à faire assassiner Ines pour raison d’état.
Racine n’aurait certes pas renié pareil sujet. A son époque, on aurait compris volontiers que le théâtre se mêle de raconter ces passions tumultueuses. Au XXème siècle, on est certainement plus pudique et l’amour sur scène surprend. La pièce de Montherlant dont il sera largement question dimanche le 25 août à 17 h au château de Mongenan à l’occasion de la conférence que Florence Mothe donnera sur le thème "Montherlant et l’amour", remporta un immense succès et fut reprise à de nombreuses occasions, y compris la production télévisée qui donna ses lettres de tragédienne incomparable à Geneviève Casile dans le rôle d’Inès. "Tout ce qui est essentiel, disait Montherlant, se passe à l’intérieur de l’âme". La Reine morte en administre une éclatante illustration, si simple, si parfaite, si classique, que l’on voudrait bien reprendre l’habitude d’aller plus souvent au théâtre.
Renseignements : château de Mongenan 05 56 67 18 11,
visite tous les jours de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
Conférence "La reine morte" le 25 août à 17 h suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine,
entrée 10 €.
- Geneviève Casile
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