Bordeaux
« Bordeaux est une ville curieuse, originale, peut-être unique. Prenez Versailles et mêlez-y Anvers, vous avez Bordeaux. J’excepte pourtant du mélange car il faut être juste les deux grandes beautés de Versailles et d’Anvers, le château de l’une et la cathédrale de l’autre.
« Il y a deux Bordeaux, le nouveau et l'ancien. Tout dans le Bordeaux moderne respire la grandeur comme à Versailles ; tout dans le vieux Bordeaux raconte l’histoire comme à Anvers. »
(« Voyage aux Pyrénées », Victor Hugo)
Ma vengeance c’est la fraternité !!!
Beaucoup l’ignorent, et pourtant... Bordeaux fut l’une des cités prépondérantes dans la vie de Victor Hugo. Non qu’il y eût longtemps séjourné. Mais les événements qu’il y vécut ne sont pas, loin s’en faut, de moindre importance. Ceci est vrai quant à sa famille, puisque c’est à Bordeaux, le 13 mars 1871, qu’il perdit son fils Charles d’une congestion cérébrale. C’est aussi exact politiquement, car en effet, quelques jours auparavant, le 1er mars, le député républicain, parmi ses pairs de l’Assemblée nationale repliée à Bordeaux, y prononça un discours historique.
- La mairie procure à Victor Hugo un meublé au 37 rue de la Course où il loge avec sa famille
Plus de frontières …
Cette déclaration visait à refuser la paix au prix de la domination prussienne de Bismarck sur l’Alsace et la Lorraine. Mais Hugo témoignait, par ailleurs, de cette vision véritablement prophétique : « Ma vengeance, c’est la fraternité, lançait-t-il. Plus de frontières ! Le Rhin à tous ! Soyons la même République, soyons les Etats-Unis d’Europe, soyons la fédération continentale, soyons la liberté européenne, soyons la paix universelle ! » Hélas, à l’époque, il ne fut pas du tout entendu. Pourtant, comme il avait raison de ne pas souhaiter cette paix honteuse qui allait contribuer à ouvrir la voie à deux effroyables guerres à venir.
- Le 13 rue Saint-Maur où logeait le fils de Victor Hugo
L’éternel débat …
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l'Aquitaine. La France a récupéré l'Alsace et la Lorraine. L'Europe, à l’origine de multiples débats et querelles, ne rejoint pas encore tout à fait le rêve hugolien, mais en prend, qui sait, peut-être le chemin. Une plaque est apposée au fronton du 37, rue de la Course : là où Victor Hugo loua deux chambres, du 14 février au 17 mars 1871. Au 13 de la rue Saint Maur, là où demeuraient ses enfants il veilla Charles, avant de ramener sa dépouille à Paris.

Ecrit par Dominique Mirassou
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