Dominique Baudis fut grand reporter dans les années 70 au proche orient. Pendant dix années, lors de ses voyages, son cameraman filmait sous sa conduite tandis qu’il prenait des photos. Ce moyen de voir le monde à travers l’objectif de son appareil lui donnait disait-il « Une vision active qui le protégeait » sûrement des répercutions cruelles des guerres sur la population. Quarante-six ans après, Dominique Baudis est encore un passeur, ses photos ne cherchent pas directement l’esthétisme, bien qu’elles soient très belles, et les sujets photographiés nous ne les dévisageons pas, ce sont eux qui nous observent. Il a su capter des instants profonds d’humanité. Par-delà des attitudes ; un homme d’Ispahan qui puise de l’eau, dans un lac aménagé dans une mosquée, simplement dans ses mains pour se rafraîchir, une femme qui pose devant les statues géantes de Persépolis, silhouette mince enroulée dans de larges voiles noirs, une émouvante petite fille pauvre et dépenaillée devant les colosses de Memnon en Égypte témoignant avec innocence de la grandeur passée de l’Égypte, un vendeur de patates douces qui nous examine les yeux remplis de curiosité .

Dominique Baudis à Bordeaux en février 2009

Une vérité s’impose, chaque photo témoigne d’un décalage entre ce que nous partageons avec ces hommes et ces femmes dans ce que nous avons de plus intimement humain et ces monuments d’arts géants, preuves d’un pouvoir passé ou bien ces instruments de guerre et de mort, comme la fusée Sam échouée sur le sable devant ces soldats à l’attitude calme et déterminée.
Mais, il y a aussi des instants de grâce, ce dompteur de serpent heureux de montrer son habileté à maîtriser l’animal ou bien cette fillette d’Abou Dhabi qui prend une allure stylée non dénuée d’effronterie. Ces photos nous parlent encore aujourd’hui d’un fait d’éternité, il y avait et il y a toujours, là-bas comme ici, des êtres humains dépassés par la cruauté ce qui se passe tout près d’eux, mais qui vivent leur vie malgré tout, parce qu’il faut bien continuer.

Alain Juppé et François Bayrou lors du vernissage de l’exposition

Après ce voyage parmi ces images d’un temps qui résonne encore aujourd’hui, Ysabel Baudis a remercié ses invités et nous a éclairés sur la genèse de ces photos. Chacun des protagonistes s’est étendu sur la vie extraordinaire de Dominique Baudis et a souligné l’engagement de celui-ci en politique et dans des causes diverses et nobles. À la fin de sa vie, il fut nommé Défenseur des Droits des citoyens face aux administrations en disposant de prérogatives particulières notamment en matière de promotion des droits de l’enfant, de lutte contre les discriminations, du respect de la déontologie des activités de sécurité.
Le maire de Saint-Médard-en-Jalles, a offert la médaille de la ville à chacun des invités, accompagnés d’un livre édifiant sur Saint-Médard-en-Jalles pour le représentant de la Belgique, un livre de poésie pour François Bayrou et pour Alain Juppé le livre « l’art de la guerre » de Sun Tzu…
On ne meurt jamais sur Facebook, Dominique Baudis disparu en 2014, a toujours sa page qui témoigne de ses préoccupations d’alors, entre autres, son combat contre le racisme.