Alors qu’il y a à peine quelques semaines, l’éloge funèbre de Michel Rocard était prononcé par nombre de ceux qui, à gauche, s’acharnèrent à provoquer sa perte après s’être moqués de la modération et du réformisme qu’il incarnait, l’état de la France, à droite comme à gauche, tant en matière de réalisme que de capacité à se réformer, ne semble guère avoir progressé depuis les années 80.



Le succès des démagogues

Les politiques, pour séduire les électeurs, usent sans modération de l’accumulation de promesses bien que l’électorat semble en grande partie s’être lassé d’une telle pratique. Paradoxalement, les Français qui se rendent encore aux urnes, n’ont pas vraiment changé et ont toujours tendance à préférer les démagogues aux réalistes, les marchands de rêves aux sérieux, les bateleurs aux rigoureux, une bonne dose d’exaltation faisant toujours autant de bien !

C’est ainsi que, lors d’une récente interview, face à un journaliste lui demandant, question dans la lignée de la « fameuse com » en vogue aujourd’hui dans tous les domaines, « qu’est ce qui fait rêver dans votre programme », Alain Juppé ne put que le décevoir en lui répondant qu’il n’était pas là pour faire rêver, mais pour présenter un programme sérieux et réaliste.

Que veulent les Français ?

Est-il raisonnable de croire comme beaucoup le proclament que les Français se réconcilieront avec la politique le jour où celle-ci aura banni les combines, les mensonges, le carriérisme, la fanatisation et autres fables pour à tout prix accéder au pouvoir ? D’autant que si, à l’évidence, l’arène politique ne va pas dès demain, renoncer à tous ses travers, les électeurs ou du moins une partie non négligeable d’entre eux, loin de se laisser duper, restent friands de ces combats de coqs, de ces joutes politicardes et même souvent les réclament.

Avec un Président qui transforme les pertes en bénéfices, les défaites en victoires et qui, malgré une côte de popularité au plus bas, prétend avec sérieux avoir tenu tous ses engagements, avoir diminué les impôts, réduit les déficits et remis le pays sur les rails, de quoi, selon lui et sans aucun doute, le réélire en 2017 pour éviter le chaos (!!!), le peuple Français dans sa grande majorité ne peut que ressentir avoir atteint l’overdose en matière de manque de rigueur, d’instabilité, de travestissement de la réalité, en un mot de tambouille électorale.

Pour toutes ces raisons, il apparaît aujourd’hui au sein du pays, certainement beaucoup plus qu’hier, un besoin de parler vrai, de réalisme et de sérieux.

François Fillon, Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé

Alain Juppé, François Fillon …

Alain Juppé, actuellement nettement en tête dans les sondages et, à ce titre, attaqué de toutes parts, de droite comme de gauche, sur tous les sujets possibles, devient curieusement, selon ses opposants, un très mauvais Maire de Bordeaux, alors qu’il représente pour de nombreux français, tant dans sa ville qu’au niveau national, le travail, la rigueur, l’expérience et la compétence indispensables à un véritable homme d’Etat et semble tout à fait en mesure de l’emporter en 2017. « Ali Juppé » pour les uns, le « repris de justice » pour les autres, le « vieux politicien de gauche » pour les plus acharnés à sa perte, autant de qualificatifs qui n’ajoutent rien à la dignité et à la pertinence de leurs auteurs.

Quant à François Fillon, mauvais client pour les médias tant il ne se paye pas de mots et de déclarations tapageuses, soucieux des comptes de la France, soucieux d’affronter la réalité bien en face, il entend convaincre par des mesures rationnelles. S’interdisant tout travestissement de la réalité à l’instar de notre Président, à défaut d’être un souriant séducteur, il ne manque pas de panache et présente un programme sérieux et courageux qui, s’il ne fait pas plus vibrer les journalistes que les électeurs, a le mérite devenu rare de nos jours de ne pas promettre des lendemains qui chantent à portée de main. La vérité faisant rarement sourire, « un triste » disent de lui, ses détracteurs …

Alors que l’histoire nous rappelle clairement que la fonction de Président de la République revient le plus souvent aux bateleurs, « Machiavel » ou autres charmeurs charismatiques plutôt qu’aux rigoureux réalistes, l’état fort problématique dans lequel se trouve notre pays laisse à penser que bons mots et autres déclarations démagogiques ne font plus rêver grand monde et bien sûr ne résolvent rien du tout. A force de fuite en avant, d’accumulation de dettes, de déni de la réalité, les « marges d’illusion » dans notre pays se réduisent comme peau de chagrin et la venue du temps des réalistes rigoureux apparaît d’autant plus souhaitable que la détérioration de l’état du pays atteint des proportions peu rassurantes.

Sauf pour ceux qui attendent encore des miracles, le temps des prestidigitateurs beaux parleurs semble révolu.

Ecrit par Dominique Mirassou


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