Le philosophe hermétique et l’alchimiste
Marqué par le paracelsisme et le néo-platonisme, occupant l’un des tous premiers rangs parmi les philosophes hermétiques, il publiera en 1609 « Le Miroir des Alchimistes » où son érudition apparaît, et en 1623, « L’Enchiridion », traité de philosophie et d’alchimie, où il se révèle disciple de l’école d’Alexandrie. Dans ce traité, il décrit trois mondes : l’élémentaire, le céleste et l’archétype. Les deux grands principes de la création sont, selon lui, le chaos et l’esprit de Dieu. La matière est alors divisée en subtile, moyenne et grossière, les semblables attirent les semblables : de là la formation des corps. Le personnage a cependant plusieurs autres cordes à son arc ….

Une très rapide et mystérieuse ascension
Reçu avocat en 1590, il devient en 1592 conseiller au Grand Conseil, en 1601, Président au Parlement de Bordeaux, en 1602, Conseiller d’Etat : il accomplit donc un parcours très rapide et connaît une ascension sociale fort enviée. D’Espagnet, qui n’appartenait pas aux grandes familles parlementaires bordelaises, aurait selon certains accédé un peu vite à la charge très prestigieuse de Président, et à défaut d’être issu de la notabilité bordelaise, serait un des hommes d’Henri IV en Guyenne et, peut-être même, un ancien protestant n’ayant jamais pu fournir d’extrait baptistaire.

L’affaire des Sorcières et Démons du Pays-Basque
En 1609, Jean d’Espagnet fut envoyé avec Pierre de Lancre, Conseiller à Bordeaux, faire la chasse aux sorcières et sorciers du Pays-Basque où sévissait une véritable hystérie collective. Investis d’un pouvoir sans appel, arrivant dans un pays très arriéré où subsistaient de vieilles coutumes païennes l’histoire nous dit que les deux magistrats se crûrent arrivés en enfer. Ils sollicitèrent des dénonciations, et la moitié de la région du Labourd dénonça l’autre, les femmes vinrent parfois s’accuser elles-mêmes. Envoyé selon certains au Pays-Basque, beaucoup plus pour régler des problèmes de frontière sur la Bidassoa, que pour faire « la chasse aux sorcières », d’Espagnet essaya de se tenir en dehors de ces tristes événements qui virent la condamnation à mort de plusieurs centaines de malheureux .

La protection de l’Alchimie savante
L’investissement de d’Espagnet l’Alchimiste dans une chasse aux sorcières reste aussi sujette à diverses supputations que sa fulgurante ascension sociale. Certainement soucieux de participer à définir ce qui doit séparer la science savante de l’intolérable magie des Basques et donc à préserver « l’Alchimie savante », il préfacera le traité de Pierre de Lancre consacré aux sorcières et démons. On lit dans cette préface que « les sorcières ont coutume de voler les petits enfants pour les consacrer aux démons ». Piètre et simpliste remarque de la part du philosophe hermétique confirmé qu’il était et qui se contentait par ces propos de s’accorder avec la pensée commune de l’époque. La chronique bordelaise nous dit que Jean d’Espagnet, Président honoraire le 8 Avril 1620, vivait encore en 1637. Il avait épousé, le 23 Août 1603, Charlotte Maugent. Son domicile se trouvait rue du Hâ à Bordeaux, bien sûr ……
Sources
Le Sud-Ouest mystérieux de Dominique Lormier
Les dossiers de Dinah Ribard