Bordeaux
Le Théâtre La Lucarne, fidèle depuis toujours à sa tradition d’accueil a reçu dans ses murs le Collectif LES FETICHES …
Nunzio
De Spiro SCIMONE
Traducteur : Jean-Paul MANGANARO
Collectif les FETICHES
Mise en scène Mehdi THOMAS
Avec : Benoît FOULON et Etienne COCUELLE
Spiro SCIMONE est né en Sicile, plus précisément à MESSINE en 1964. En 2000, il écrit NUNZIO, en dialecte sicilien d’abord, puis il optera pour l’italien.
Souvent jouée sous forme clownesque, le metteur en scène Mehdi THOMAS a lui, pris parti de s’attacher au texte et au texte seul.
Les personnages sont ce qu’ils sont : deux hommes PINO et NUNZIO, unis par une amitié aussi improbable que solide, virile et dénuée de toute ambiguïté. Ils vivent ensemble une colocation surprenante.
Il y a comme une pincée de Dario FO dans cette histoire. SCIMONE en effet glisse une critique sociale dans sa pièce : NUNZIO est malade, il tousse, il avale des pilules que son patron, en bon samaritain, lui a donné « parce qu’il l’aime, lui ! » Tout est dit dans ce moment, le patron patriarcal, son salarié assujetti, la maladie, conséquence probable de son environnement de travail. Mais il serait dommage de réduire « NUNZIO » à une fable tragique seulement sociale.
C’est aussi et surtout une magnifique histoire d’amitié, pudique car elliptique.
On ne sait pas ce que fait PINO dans la vie, même si on le devine … On ne sait pas s’l reviendra du Brésil pour revoir son ami NUNZIO …
Le metteur en scène adopte ici un parti pris hyper réaliste. Le décor est très simple, un vieux fauteuil club au cuir fatigué, une table, deux chaises et un meuble-cuisine sur lequel PINO va préparer réellement pour NUNZIO, son plat préféré des pâtes avec lardons et oignons. Même les cigarettes fumées sur scènes sont vraies. Ce pourrait être anecdotique et cela ne l’est pas. Comme pour le cinéma italien de « PAIN ET CHOCOLAT » ce réalisme ajoute encore de la vérité à l’histoire qui nous est contée.
Benoît FOULON est un NUNZIO remarquable de sincérité, il est touchant et fragile.
Etienne COCUELLE quant à lui a la dureté mâtinée de tendresse, celle qu’il éprouve pour NUNZIO. Sa chorégraphie sur fond de musique brésilienne au crescendo endiablé restera un morceau d’anthologie ! Cette parenthèse magique se termine brutalement et même s’il s’agit là d’un artifice bien connu des metteurs en scène, elle est dans ce contexte, très efficace. Il faut souligner qu’elle n’était pas présente dans l’œuvre originale de SCIMONE.
Vous l’aurez compris, c’est une pièce excellente, interprétée par des comédiens de talent, à ne manquer sous aucun prétexte …
Vu au Théâtre La Lucarne Bordeaux

Ecrit par Josette Discazeaux
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