On ne sait jamais de qui l’on peut avoir besoin

On ne sait jamais de qui l’on peut avoir besoin : Chapitre II

Victime d’un accident, Mikaël s’en sort indemne, hélas, ce n’est pas une excuse pour ses patrons. Il sera congédié brutalement, mais son nouvel emploi va lui réserver de drôles de surprises. (2ème chapitre)

Mikaël désormais au chômage, comme tous ceux qui sont d’habitude dans sa situation, se mit activement à la recherche d’un nouvel emploi.

La vie sur les chantiers l’avait déçu, aussi se dirigea-t-il vers tout autre chose. Le changement allait lui faire du bien, un boulot où il pourrait s’aérer, ne pas servir d’esclave à un patron borné, où il serait respecté avec des horaires décents et un salaire avantageux.

Il en trouva dans la restauration. Pas dans la restauration des monuments historiques, plutôt dans celui de la restauration des ventres affamés.

Il n’y connaissait pas grand-chose sinon qu’on recrutait fiévreusement dans ce secteur qui manquait de main-d’œuvre. Son épouse Gloria qui était caissière à mi-temps dans un supermarché depuis quelques années ne vit pas la chose d’un très bon œil. En effet, quand il lui annonça qu’il allait travailler de 18h30 à une heure du matin tous les soirs sauf le dimanche, elle en prit un peu ombrage. Mais la paye était intéressante et à l’âge de son mari, il ne fallait pas être trop exigeant. Elle dut s’y résigner.

Il embaucha la semaine suivante à l’auberge médiévale DES TROIS CANARDS. Le patron, un certain Hugues Prêvot, drôle de type tout petit, trapu, très brun au regard intelligent l’avait détaillé des pieds à la tête. Mikaël s’était senti gêné par cet étrange décorticage, mais les conditions lui parurent acceptables, et même, malgré quelques réticences, il consentit à porter un costume qu’il trouva ridicule, mais qui était indispensable d’après son nouveau patron. Une tunique bleue bordée de galon doré qui descendait jusque sous le genou avec une ceinture sur lequel s’accrochait une corne évidée qu’il identifia comme une corne de bœuf. Quand il dût porter un collant vert pomme, il rouspéta intérieurement en constatant que cela mettait en valeur ses mollets trop maigres. Pour finir, on lui déposa sur la tête une sorte de calotte bleue comme sa tunique. Se contemplant dans le miroir du bureau de son chef ; il pria que personne de sa connaissance ne vint déjeuner à l’auberge et surtout pas Albert qui pourrait bien se moquer de lui. Ensuite, une Heure avant le coup de feu, il reçut les rudiments de la profession ; politesse, mémoire, agilité et rapidité. Politesse parce qu’il ne s’agit pas de rudoyer les convives, mémoire pour se souvenir des commandes, rapidité pour éviter que les plats ne refroidissent et enfin agilité pour ne pas renverser les plats avant qu’ils ne parviennent à la table de ces mêmes convives.

Enfin vint le moment de servir à table. Quand il entra dans la salle à manger, alors qu’aucun bruit de voix ne lui était parvenu, il découvrit une grande table longue et étroite sur lequel une poignée de personnes vêtues comme lui attendaient déjà.
Il sursauta en les découvrant. Il pensait bien trouver la salle vide étant donné le silence qu’il avait pu percevoir devant la porte, car le lieu jusqu’ici silencieux était tout à coup bruyant. Des femmes avec des hennins sur la tête portant de longues robes aux grandes manches et à la taille ajustée. Des hommes tout autant costumés que lui à la différence que les étoffes paraissaient de bien meilleures factures.
Hésitant, il commença à se diriger vers les premiers convives. Il prit les commandes. À son étonnement, tous prirent la même chose. Du gibier, des galettes de sarrasin, des poissons, du poulet, et de la bouillie. Mikaël, très surpris, ne moufta pas, simplement, il multiplia cet étrange menu en nombre de convives. Bientôt d’autres personnes entrèrent. Également vêtus à la manière médiévale et commandant la même chose que les autres convives. La grande table fut rapidement presque complète et tous devisaient joyeusement entre eux comme s’ils se connaissaient depuis longtemps.

C’est alors que le patron entra et s’attabla. Il mangea comme les autres, discutant avec ses voisins de table comme s’ils étaient amis de longue date.

Tout à coup entra un personnage tout de rouge vêtu portant un grand havresac rouge qui semblait bien lourd. Son visage grave imposa un silence pesant jusqu’à ce qu’il s’asseye. Mikaël découvrit une petite table qu’il n’avait pas remarquée jusqu’ici et une sobre chaise en paille sur lequel s’installa dans un soupir général le nouveau venu. Il commanda comme les autres le menu unique. Le brouhaha joyeux reprit.
Le cuisinier, un certain Colin, lui aussi costumé comme les autres, mais portant en plus sur sa tunique un tablier et sur sa tête une toque, entra dans la salle. Mikaël s’étonna de cette intrusion, en principe il ne devait pas se montrer dans ce lieu, il aurait dû rester cantonné dans la cuisine. Mikaël jeta un coup d’œil au patron qui ne sembla pas s’offusquer de cette apparition. Il demanda à l’assistance de se taire un moment. Le cuisinier salua en s’inclinant et commença un discours.

- Je vous annonce chers hôtes qu’elle est arrivée...

La suite mercredi prochain !!

Ecrit par Marie-Laure Bousquet

Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk


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