Dominique Graciet indique que deux secteurs de l’agriculture sont actuellement particulièrement touchés, à savoir l’élevage et les fruits et légumes qui sont deux filières sinistrées, mais pour des raisons différentes. Pour sa part, Henri Bies-Pere précise que les situations sont très disparates entre le Sud et le Nord de l’Aquitaine. Ainsi, la région d’élevage la plus touchée est située en Dordogne où les éleveurs vont entamer leur stock d’hiver dès cet été.

Pour l’élevage : il s’agit de nourrir le bétail car même si les jachères peuvent être utilisées, il reste le problème de la paille.

Henri Bies-Pere et Dominique Graciet

photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque

Les céréaliers ont pris pour habitude de broyer la paille pour enrichir les sols. Déjà, le broyage de la paille a été interdit dans certains départements par décision préfectorale et le Ministre menace d’étendre la mesure à l’ensemble du territoire. C’est le Nord de l’Espagne qui reste traditionnellement productrice de paille, mais suite à la demande, les prix flambent pour arriver à des tarifs exorbitants.

Néanmoins, les rendements de paille seront moins importants cette année en raison de la sécheresse préviennent les professionnels, qui fixent à 25 euros le prix moyen de la tonne de paille, un "prix équitable" destiné à contrer toute spéculation - car c’est bien d’éviter la spéculation dont il s’agit. Pour éviter cette situation, il aurait fallu faire du retrait : "faisant en cela plus confiance au bon sens des agriculteurs" qu’à la qualité des directives agricoles de quelque source que ce soit.

Pour le maréchage : le problème se pose un peu différemment, car en fait il s’agit d’un télescopage de productions qui ont en moyenne trois semaines d’avance sur le sol français, par exemple, les fraises françaises sont arrivées sur le marché en même temps que les espagnoles déséquilibrant les prix à la production et mettant en difficulté les producteurs locaux, alors que traditionnellement les fraises françaises arrivent plus tard sur le marché. Le problème risque de se poser d’une autre manière pour la viticulture avec des vendanges envisagées dès le 15 août, ce qui a un côté positif car les viticulteurs pourront ramasser des Cabernets bien mûrs, bien souvent un gage de qualité dans notre région. Mais, malgré tout, la vigne bien que plante pérenne, souffre de la sécheresse et ce sont les rendements qui en pâtiront.

La ressource en eau : pour Dominique Graciet "Il va falloir avoir une gestion raisonnable de la ressource en eau pour ne pas hypothéquer le potentiel des plantes en début d’irrigation".

Ressource en eau

photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque

La gestion de l’eau est un problème de finesse plus que d’arrêté, qu’il soit municipal ou préfectoral car il faut jouer entre l’étiage et le débit et, seule une observation clairvoyante permet de gérer ce problème d’autant que la campagne d’irrigation va être tendue entre juin et juillet.

Le thème de l’eau choisi par le Salon de l’Agriculture pour cette 90ème Foire ne pouvait pas mieux illustrer la situation. Sans eau, point de vie. L’agriculture a aussi besoin d’eau pour que la nature se régénère et dans cette crise, tout le monde est touché et bien au-delà du monde agricole, car les directeurs de salle de cinéma déplorent une perte de 35% de fréquentation. A la première pluie cela va être "Singing in the rain".