Sous son impulsion depuis 2008, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse a encore renforcé des qualités que la critique française et étrangère lui reconnaît unanimement. De nombreuses tournées internationales et une discographie impressionnante ( Naïve Classique) sous la direction de Tugan Sokhiev ont assis durablement la notoriété justifiée de l’ONCT. Qu’il me soit permis de souligner que notre Grand Sud-Ouest ( si je peux m’autoriser… cette extension territoriale !) est bien pourvu en orchestres de qualité puisque nous avons à Bordeaux l’ONBA dont le nouveau chef, Paul Daniel, entend bien, par son talent et celui de l’orchestre qu’il dirige, pérenniser et augmenter le rayonnement musical de notre ville. Les récentes prestations de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, sous la baguette de Paul Daniel permettent tous les espoirs.

Le programme Chostakovitch qui nous était proposé par l’Orchestre du Capitole et son chef était fort excitant à plus d’un titre.
En premier lieu, le concerto n° 1 pour violoncelle nous donnait à entendre le jeune Edgar Moreau, celliste déjà confirmé à 20 ans, titulaire de multiples récompenses internationales, se produisant en France et de par le monde. Il ne nous a pas déçus ! Comme un vieux briscard il s’est attaqué sans faiblir à une œuvre dont le caractère concertant se double d’un symphonisme d’une haute intensité, mettant en valeur évidemment le concertiste mais encore l’orchestre et ses solistes, tous remarquables : cor, flute, basson, clarinette. Edgar Moreau a montré alors toute sa jeune maturité : technique parfaite, belle sonorité, interprétation intelligente et virtuosité très évidente, particulièrement dans le 3ème mouvement en forme de cadence de cinq minutes ( !)

. Le tout supérieurement accompagné par l’orchestre et son chef, Tugan Sokhiev. Au plaisir de vous réentendre, mon cher Edgar ! Bravo ! Quant à l’Orchestre du Capitole, il allait démontrer dans la 8ème symphonie tout le bien que l’on pense de lui et brillamment ! Chostakovitch écrit cette symphonie en 1943, en pleine guerre mondiale, sous le régime implacable de Staline et sous la férule sourcilleuse des doctrinaires musicaux officiels. Il n’en reste pas moins que le compositeur, dont le critique musical Robert Pierron dit qu’il écrit une « symphonie de guerre » dans un esprit de « dissidence spirituelle intérieure », impose la marque d’un musicien personnel , original, authentique, doublé d’un orchestrateur brillant et sensible. Tugan Tokhiev, précis et chaleureux, obtient ce qu’il veut d’un orchestre admiratif et vigilant : le résultat est superbe : quatuor souple, velouté et rigoureux à la fois ; harmonie magistrale, de même que les percussions.
Un concert en tous points « régalant » !
Nous aurons, pendant le 3ème trimestre de cette saison 2013-2014, d’autres occasions de nous réjouir.